Le ministère de la Culture doit annoncer l’ouverture début 2000 d’un centre d’art contemporain à Paris. Enfin !
Ne nous le cachons pas, c’est tout simplement une bonne nouvelle. Ce mercredi 7 avril, vers 15 h, la ministre Catherine Trautmann, qui en matière d’art contemporain s’était souvent contentée d’inaugurer les petits fours et de traverser les foires, devrait annoncer l’ouverture, début 2000, d’un centre d’art contemporain à Paris. C’est un peu insensé quand on y pense, mais il n’y en avait pas. Ou plus : le Jeu de Paume, avec son coût monstrueux et sa fausse politique de prestige, a abandonné depuis longtemps déjà sa vocation première de promotion de la jeune création. Depuis le temps, on pensait rêveusement à l’ICA de Londres, au PS1 de New York, et à Berlin, Amsterdam… Tandis que chez nous l’idée d’un nouveau centre d’art faisait son chemin sur les bureaux des différents ministres de la Culture. Passant lentement de la pile de gauche à la pile de droite, évoluant souvent vers le xiiième arrondissement (rapport à Jacques Toubon, mais sans l’accord de Tiberi), et retombant mollement dans les oubliettes. Autant dire que cette nouvelle ne se suffit pas encore à elle-même : après les échecs successifs, elle doit être assortie de quelques précautions élémentaires. On ne sait pas encore à qui incombera la direction de ce nouveau centre. Soyez-en sûrs, dans les coulisses, la bataille fait rage. On espère seulement que l’heureux élu sera suffisamment fou pour donner à ce lieu un côté expérimental, anti-institutionnel et très international. Mais on connaît déjà son mandat : trois ans, non renouvelables une façon de limiter les tentatives de mainmise ad vitam æternam. Tant mieux.
Autre enjeu capital, l’emplacement : 3 000 m2 au Palais de Tokyo, c’est-à-dire en face du musée d’Art moderne de la Ville de Paris, l’idée forte étant de créer un véritable pôle pour l’art contemporain, si cette grande institution ne prend pas stupidement ombrage de la présence soudaine d’une si petite voisine et si ces deux lieux réussissent à offrir au public une programmation non pas concurrentielle mais complémentaire. Tous les rêves sont permis. Reste la question du budget : la création de ce nouveau centre d’art parisien est évidemment boostée par la corne d’abondance de l’an 2000. Mais saura-t-il dépasser 2001 et ne pas fermer deux ans après sa festive ouverture ? On se souvient de l’échec patent de l’Hôtel des Arts, rue Berryer, ouvert à la création très contemporaine en 1991, fermé en 1993 pour cause de déficit, et où l’audacieux CNP a maintenant élu domicile. Vouloir beaucoup, c’est risquer de voir tout suspendu rapidement ; avoir peu, c’est l’impossibilité d’une programmation réellement créative et productive. Question d’équilibre donc : le ministère prévoit d’une part une rallonge du budget, histoire de ne pas manger la part des centres d’art régionaux, mais annonce en même temps des coûts de rénovation limités et une structure légère… Pour finir, on peut dire que les horaires sont d’ores et déjà attractifs : midi-minuit. Un café ? Des consultations de vidéos ? On saura ça plus tard. En attendant, le projet est lancé. A peine né, il est déjà mûri par les échecs précédents. On lui souhaite donc bienvenue, bonne route et longue vie.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
{"type":"Banniere-Basse"}