Les Montréalais Bell Orchestre et Torngat, membres ou compagnons de route d’Arcade Fire, sortent tous les deux en même temps deux albums instrumentaux et magnifiques. Et font chanter les cuivre.
[attachment id=298]Bell Orchestre
As Seen Through Windows (Arts & Craft / Téléchargement)
Instrumental, monumental et épiphanique, le deuxième album de Montréalais sorciers, émanant notamment d’Arcade Fire.
Le deuxième album des Québécois, où officient notamment Richard et Sarah d’Arcade Fire ou Pietro Amato de Torngat, est sans doute ce qui est arrivé de plus proche de Godspeed depuis que Godspeed s’est tu. Chez Bell Orchestre, sans doute l’un des plus discrets et beaux trésors montréalais, le soleil ne se lève jamais. Pas plus qu’il se couche : heures et saisons n’existent plus, la métaphysique est dépassée, les biorythmes malmenés. Dans les morceaux instrumentaux et monumentaux, cinématographiques et merveilleux, à écouter très fort et au casque, les astres jouent à cache-cache avec les humeurs, les trempent de larmes ou les exposent à des rayons zygomatiques –As Seen Through Windows provoque très précisément ce que le subconscient veut qu’il provoque. Dans ces bois hantés, ces cordes magiques, dans ces montagnes russes de cuivres mutants, ces rythmiques dédaléennes, le moral peut s’effondrer avec une lente et sombre progression puis, l’instant d’après, grimper hardiment au bonheur sur une épiphanie mélodique et solaire. Comme chez Godspeed, les airs prennent leur temps pour former leurs bourrasques, les morceaux progressent lentement vers la plénitude. Mais à l’inverse de Godpseed, Bell Orchestre ne capte pas le bruit des villes et des civilisations troublées ; c’est le son pur de la nature, sauvage et dominante, que l’on écoute ici.
/// www.myspace.com/bellorchestre/
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Deux extraits du précédent Recording a Tape the Colour of the Light
Upwards March
[attachment id=298]
Torngat La Petite Nicole (Alien8 / Téléchargement)
Instrumental au fusain, sombre et beau, le troisième album des Montréalais cuivrés impressionne.
Puissante machine sentimentale, album instrumental sublime, le précédent et second You Could Be des Montréalais, depuis sa première écoute en 2007, ne nous a pas lâché d’une émotion. Dans le train, en avion, chez maman, d’humeur éclatante ou les esprits dans les baskets, ses morceaux cinématographiques, entre François de Roubaix et le Tellier de l’Incroyable Vérité, ont trempé des centaines d’heures d’océans multicolores. Les trois garçons, menés par le cor majeur de Pietro Amato, compagnon de route d’Arcade Fire et membre des très voisins Bell Orchestre, reviennent. Mais sans l’arc-en-ciel : plus électrique, plus complexe, plus abstrait et, surtout, beaucoup plus crasse que ses prédécesseurs, La Petite Nicole, qui raconte sans mots la journée d’une petite fille, dessine désormais ses contrastes fins au fusain, noir et épais. Le soleil ne perce que par intermittence, dans le quotidien de la petite Nicole. Elle doit déjà jouer avec des veuves noires au plafond, la petite Nicole, quand ses copains se vautrent encore dans l’enfance Playdoh. Fascinant, radioheadesque, tout aussi beau que ses prédécesseurs, La Petite Nicole risque lui aussi de nous accompagner encore quelques temps. Mais ce sera cette fois uniquement la nuit, d’encre.
Vidéos extraites du précédent You Could Be
Celebrating New
Minute by Minute
{"type":"Banniere-Basse"}