Automato

On racontera plus tard les épreuves de ces New-Yorkais, qui durent avant ce premier album affronter toute la bêtise d’une industrie sourde. Mais si ces frustrations et angoisses nourrissent ici deux textes, elles ne troublent jamais le groove drogué, le hip-hop sensualiste d’Automato. Car la grande force du groupe, c’est de refuser ce Yalta idiot entre le cérébral et le physique, que le hip-hop semble avoir trop souvent accepté. Si on pense régulièrement aux raps complexes et enfumés de la clique Anticon ou Def Jux, les pieds réclament eux aussi voix au chapitre, comme chez les évidents modèles Soul Coughing ou le jeune Beck.

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Car Automato joue en groupe, en commando éprouvé sur scène bien avant d’avoir savamment expérimenté en studio. Un vrai groupe, avec des synthés anciens parce que ces jeunes gens écoutent Can, des mélodies pop parce que ces gandins pourraient facilement être des Strokes pervertis, des guitares agacées parce que Pavement fait partie de leur quotidien et des rimes en rafales, parce que c’est l’amour du Wu-Tang Clan qui les a réunis, à un âge où d’autres jouent aux Pokémon. Tout ceci ne pourrait être qu’un fantasme de génétique, mais dès l’hypnotique et remuant The Single, Automato affole tellement les sens que toute réticence devient futile, voire obscène. Impossible de résister à l’appel de ces grooves paillards diaboliquement mis en son par l’équipe de production DFA, à leur chaleur et ferveur contagieuses. Quand on sait en plus que ces six-là possèdent des gueules de stars certifiées, une culture raffinée et une énergie scénique affolante, on se dit que New York n’est pas prêt de rendre les clés de son bordélique dance-floor.