On chercherait dans nos mémoires une grande sœur à cette nouvelle venue que l’on n’en trouverait point. Princess Erika est la seule parenté dont on puisse se satisfaire, à condition de respecter les nuances. Elles partagent le même attachement pour la musique jamaïcaine, mais en font un usage différent. La première règle en matière de […]
On chercherait dans nos mémoires une grande sœur à cette nouvelle venue que l’on n’en trouverait point. Princess Erika est la seule parenté dont on puisse se satisfaire, à condition de respecter les nuances. Elles partagent le même attachement pour la musique jamaïcaine, mais en font un usage différent. La première règle en matière de galanterie étant de ne jamais comparer une femme à une autre, comprenez que l’on s’abstienne de céder ici à l’envie de mener une expertise sur les mérites de l’une ou les qualités de l’autre. Disons qu’anouk, probablement parce qu’elle est moins chanteuse, préfère le sampling à l’instrument bien que certains titres aient été enregistrés avec des musiciens. Ainsi débarrassée d’un poids, elle préserve sur ce premier album un essentiel penchant à vouloir jouer. Les ridims (Studio One, Max Roméo ?), les langues (français, anglais, espagnol), les messages déposés sur son répondeur téléphonique (Curse dub), tout devient matière à prendre ses distances avec une certaine forme de responsabilité artistique. On la sent rétive à endosser un rôle qui priverait ses gestes d’une parcelle de leur liberté. On la devine également peu prédisposée à jouer de l’ego comme on joue des coudes dans le métro. L’absence de majuscule à son petit nom, son peu d’empressement à affronter la scène nous laissent penser qu’une rivalité entre elle et Céline Dion n’est pas à l’ordre du jour. Cette manière très spontanée de tenir compte de ses limites, tout en se refusant à en ruminer l’évidence, ajoute au charme de la jeune femme. anouk est entière. Elle réserve la même colère, froide et enracinée, à l’encontre d’une ancienne relation (Un Après-midi de chien) que pour dire ses quatre vérités au monde politique (Politik). Sa coïncidence avec l’époque tient aussi à cette aptitude à pouvoir passer d’une légèreté, dont on aime à relever quelques traces d’enfance encore proche (I don’t like, Hi hello), à l’extrême gravité (Au milieu & Trankill, De guerre & de trépas) sans que l’on puisse conclure qu’un tel changement d’humeur soit la marque d’un esprit superficiel. Si tel avait été le cas, ce disque aurait nécessairement souffert de la volonté d’en dissimuler la vacuité derrière des effets de production ou un concept précuisiné qui n’y sont pas. Il y a au contraire dans l’approche minimaliste choisie une franchise, une manière de dire « je suis comme ça », qui nous rend l’album très sympathique et nous pousse à aimer anouk.
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