Jouer de la techno au piano : c’est peut-être un détail pour vous, mais pour Aufgang, ça veut dire beaucoup. Nouvel album dense, dance et incendiaire du trio nomade. Critique et écoute.
Amis de longue date, Rami Khalifé, Francesco Tristano et Aymeric Westrich – chacun menant en parallèle une fertile carrière solo – ont lancé Aufgang en 2005, avec un concert inaugural donné dans le cadre du festival Sonar. Leur projet commun consiste à jouer de la techno et de la house avec deux pianos (Rami et Francesco) et une batterie (Aymeric) comme instruments principaux et, ce faisant, à connecter deux univers musicaux (classique et électronique) a priori très éloignés l’un de l’autre.
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D’emblée, la combinaison insolite fait tilt, et le jeune et fringant trio rejoint bientôt les rangs d’InFiné, label prospectif s’il en est. En 2009 paraît un premier album, Aufgang, au long duquel Aymeric, Francesco et Rami tiennent largement les promesses nées de leurs prestations scéniques. Mû par un tangible désir d’exploration confinant à l’abstraction, l’album est un essai plus que stimulant.
Quand, après plusieurs maxis, est venu le moment d’aborder le cap du deuxième album, les trois acolytes ont souhaité partir dans une autre direction. “Il était évident que nous n’allions pas faire la même chose, précise Aymeric. L’enregistrement du premier album avait été long et assez chaotique. A l’arrivée, nous nous étions retrouvés avec une quantité astronomique de parties de piano et de batterie. Cette fois, nous avons pris trois semaines dans un studio, chacun amenant des compositions ou des bribes de compositions, et nous avons structuré tout cela ensemble. C’est le coeur de ce nouvel album : nous avions vraiment besoin d’enregistrer et de jouer tous les trois ensemble, de façon à capter la spontanéité et l’énergie du live. Nous avons pris le parti de laisser certaines fausses notes, de ne pas corriger tous les petits défauts, l’essentiel pour nous étant d’obtenir ce côté brut et dynamique.”
De fait, si Aufgang semblait s’adresser d’abord à l’esprit de l’auditeur, son successeur, baptisé Istiklaliya, s’attaque en priorité au corps. Les neuf morceaux (+ le petit dernier, caché à la fin) forment ainsi un bloc très percutant, érigé sur de puissantes fondations rythmiques, les pulsations de Diego Maradona et Stroke s’avérant redoutables.
“Cet album est une traduction fidèle de ce que nous sommes et de la musique que nous voulions faire ensemble à ce momentlà. Nous avions envie de morceaux plus courts et compacts, sans chercher à appliquer une recette ou à rentrer dans un format quelconque. Sur le prochain album, il pourrait très bien n’y avoir qu’un seul morceau de cinquante minutes. Nous veillons toujours à ne pas reproduire les mêmes schémas et à ne pas nous laisser trop influencer, même si chacun de nous écoute beaucoup de musique. De manière générale, nous attachons une très grande importance à notre liberté créatrice et à notre indépendance.” Istiklaliya signifie d’ailleurs “indépendance” en arabe : un mot qui résonne ici pleinement et peut aussi très bien s’écrire “indépendanse”.
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