Les Radar Bros sont en pleine forme : complètement déprimés.
Dans la famille des ultra-mélancoliques américains, défoncés au mauvais sang et gourmands de cafards grillés sur le feu de camp, les Radar Bros ont toujours été les mieux habillés. Pas question, façon Palace ou Smog, de sortir leur spleen en guenilles : le moral dans les chaussettes, peut-être, mais avec des chaussettes en soie, brodées d’or. Depuis le Berlin de Lou Reed, on sait que le chagrin sait aussi se lover dans le luxe. L’album s’appelle Auditorium, pas “Cabane en rondin sans électricité”. C’est donc en symphonie mineure que se joue ce nouveau drame des Californiens, confortablement installés dans leur automne sans fin, réussissant quelques exploits d’écriture immatérielle et onirique (comme Hills Of Stone, qui invite Elliott Smith chez Pink Floyd, ou Watching Cows, beau comme du Grandaddy à une veillée funèbre). Car plus que le songwriting, c’est le soundwriting qui fait du groupe un tel crampon, une telle source de sensations et d’images : leur leader Jim Putman est un dangereux trafiquant d’atmosphère, capable de changer l’humeur et la température d’une pièce avec une chanson qui s’effondre, une chorale qui trébuche, un refrain qui s’affaisse. Un morceau s’appelle ici Happy Spirits. C’est la première et la dernière fois que vous lirez le mot “happy” dans une chronique des Radar Bros.
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