Stephen Fitspatrick et Audun Laading, du groupe Her’s, ainsi que Trevor Engelbrektson leur tour manager, ont perdu la vie sur une route californienne. On a voulu rendre un dernier hommage à ces deux garçons ultra attachants, et à leurs superbes chansons.
Il est évidemment très difficile d’écrire sur un groupe qui disparait aussi jeune, et dans de telles circonstances ; mais on va quand même essayer parce que Her’s méritait un véritable au revoir.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Alors commençons par le jour où on a vu le duo sur scène. C’était il y a un an tout pile au 1999 Club, lors d’une soirée pour le festival L’Ere de Rien. Stephen Fitspatrick et Audun Laading débordaient alors de vie, et avaient offert à leur public un live parfait, oscillant entre mélancolie souriante et déhanchés rondelets. Plus qu’amis, les deux garçons semblaient presque frères, et il irradiait d’eux une complicité sans pareille. Néophytes et connaisseurs s’étaient d’emblée mis d’accord sur le fait que le groupe avait « quelque chose » ; et pour cause. A cette époque, leur seule sortie, Songs Of Her’s, avait déjà suffi à placer le groupe sur la carte des grands espoirs de la pop à guitares.
Songs Of Her’s
Cette collection de chansons contenait des titres tels que Dorothy, Cool With You, What Once Was, et elle dévoilait un talent d’écriture immense, une capacité inouïe à écrire des petits tubes remplis de nostalgie et d’amour. La basse, mise en avant, venait parfaitement contrebalancer une voix grave, un peu acide, reconnaissable entre mille et capable de monter dans de superbes aigus ; tandis que les paroles, mélancoliques, se voyaient rehaussées de guitares qui évitaient les écueils du chorus – contrairement à beaucoup d’autres groupes de cette génération.
On pensait parfois à Mac De Marco pour le coté cool, aux Strokes ou aux Beach Boys pour les mélodies, et puis bien entendu aux Beatles de temps à autres, pour Liverpool. Le disque se terminait sur cette note : « Mesdames et messieurs nous allons vous quitter. Gardez à l’esprit que la persévérance est essentielle. Merci beaucoup et à bientôt ».
Invitation To Her’s
Un an après, on retrouvait donc Stephen et Audun avec Invitation To Her’s, leur premier vrai album. Derrière une pochette ornée d’un bouquet de roses et d’un drap de velours, un public plus large découvrait le duo, au sommet de son écriture. Soudainement, les chansons de Her’s prenaient une nouvelle dimension, grâce à une production et des arrangements à la finesse cristalline. En témoignait par exemple le titre Carry The Doubt, sublime, ou encore le virage 60’s emprunté par le groupe sur Blue Lips.
C’est au travers de cet album qu’on découvrait véritablement l’ampleur vocale de Stephen, capable de passer du statut de crooner (Blue Lips, donc) à celui de chanteur de pop marshmallow (Low Beam), en passant par des accents quasi-reediens, sur Harvey. Et puis cette basse, toujours, si essentielle dans le son du groupe, dans la construction de son groove. Très vite, Invitation To Her’s allait naturellement déferler sur les sphères indés du monde entier, les Etats-Unis en tête.
Après une volée de concerts en Europe, c’est là-bas, sur la route de Santa Ana (Californie), que les garçons ont perdu la vie sur une note brutale, ne terminant jamais leur tournée à guichets fermés. Les hommages se sont depuis multipliés, partout sur internet ; et si leurs chansons résonnent aujourd’hui un peu tristement, nul doute qu’elles continueront malgré tout à faire le tour du monde. On n’oublie évidemment pas leur tour manager, Trevor Engelbrektson, également victime de l’accident, ni les familles, les amis et l’entourage de chacun. De notre coté, on gardera simplement le souvenir d’un très beau groupe de pop ; et de deux garçons ultra attachants, dont l’amitié se ressentait au travers de chaque concert, de chaque note qu’ils jouaient ensemble.
{"type":"Banniere-Basse"}