Le petit label de Chicago Atavistic est enfin diffusé en France. Un catalogue confondant de pertinence, d’intelligence et d’ouverture d’esprit qui dessine à l’arrivée un champ politique et poétique particulièrement cohérent, qui pourrait bien servir de source d’inspiration et de base esthétique à l’éclosion d’un nouveau courant musical d’importance.
C’est devenu un lieu commun que de s’en émouvoir ? mais il n’est peut-être pas inutile de le répéter et de le dénoncer, encore et encore : face à l’apathie des grands groupes et aux conséquences désastreuses de la politique neo-libérale appliquée à la culture (formatage systématique des uvres, marketing généralisé au détriment de la production, recherche du rendement immédiat), la plupart des musiques chercheuses ne trouvent plus ni support, ni relais pour produire et diffuser leurs formes mutantes.
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Dans ce contexte sinistré, on ne remerciera jamais assez le petit distributeur Orkhêstra d’exister et de persister dans sa politique alternative courageuse, en accueillant sur son catalogue tout ce que la planète peut comporter de petites maisons de disques indépendantes obscures et autres labels expérimentaux, pourvu qu’ils demeurent avides de musiques inédites, bizarres ou juste minoritaires, et sachent rendre compte, branchés en prise directe sur notre époque, de l’expression artistique la plus contemporaine quelque forme(s) qu’elle emprunte : du jazz à l’improvisation libre, des musiques actuelles, nouvelles et innovatrices aux dernières avancées de l’électronique, du free pop ou de l’avant rock.
Après avoir accueilli ces derniers mois quelques labels français indépendants parmi les plus créatifs du paysage, certains tout récents (La Nuit Transfigurée), d’autres expulsés dernièrement sans ménagement du catalogue Harmonia Mundi (In Situ, Grrr), c’est, cette fois, à la petite firme de Chicago Atavistic, qu’Orkhêstra permet enfin d’être diffusé en France.
Pour les amateurs de poésie brute, d’émotions vierges et d’aventures artistiques définitivement inclassables ? pour ceux qui, au-delà des genres et des époques, ont toujours aimé (et su !) percevoir des correspondances poétiques, politiques, esthétiques et imaginaires entre le Cabaret Dada, l’explosion lyrique de la Free Music européenne, la provocation punk ou no-wave, le jazz sous toutes ses formes et la révolte situationniste : ce label est pour vous.
Fondé à l’origine pour rendre compte de la diversité d’influence et d’inspiration de la scène musicale chicagoanne, extrêmement créative et définitivement indépendante (la plupart de ses principaux animateurs, tous genres confondus, figurent d’ailleurs sur le label, de Jim O Rourke à David Grubbs, de John Corbett à Ken Vandermark ) Atavistic s’est très vite singularisé en entreprenant en parallèle, comme en une sorte de contrepoint imaginaire, invitant à toutes les correspondances, un ambitieux travail de rééditions mêlant classiques du rock no-wave US (Mars, Don King, Lydia Lunch ) et albums légendaires et rarissimes du free jazz américain et de la free music européenne (Joe McPhee, Peter Brötzmann’), regroupés sous le logo « Unheard Music Series ». Le résultat est un catalogue confondant de pertinence, d’intelligence et d’ouverture d’esprit qui dessine à l’arrivée un champ politique et poétique particulièrement cohérent, qui pourrait bien servir de source d’inspiration et de base esthétique à l’éclosion d’un nouveau courant musical d’importance.
Enfin distribué en France donc ? voici le label Atavistic, croqué de façon partielle et partiale en 5 disques clefs.
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