Après dix-sept ans d’absence, le groupe texant enfile à nouveau les gants et terrasse tout sur un quatrième album à écouter très fort.
A l’heure où les disques ne se vendent plus, il y a peu de chances pour que le quatrième album d’At The Drive-In casse la baraque au sein des charts français, encore moins qu’il se hisse au sommet des ventes digitales, entre Jul et Ed Sheeran. D’abord, parce que In.ter a.li.a (“entre autres choses”, en latin) reprend la formule proposée en 2000 sur Relationship of Command. Ensuite, parce que les Texans, en dépit de leur savoir-faire mélodique et de leur réputation au sein de la scène punk-rock, n’ont sans doute pas le potentiel marketing pour plaire aux kids.
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La France aurait pourtant tort d’ignorer At The Drive-In, tout comme elle aurait tort de ne pas prêter une oreille attentive à ces onze nouvelles mélodies qui, derrière des riffs musclés et un chant rugueux, ne semblent avoir qu’une obsession : entrer dans la tête et ne plus jamais en sortir. Ce dont Tony Hajjar, au téléphone depuis New York, ne semble absolument pas conscient :
“L’idée, c’était surtout de retrouver l’énergie que nous avions lorsque nous étions jeunes, d’oublier nos automatismes et de renouer avec toutes ces émotions que l’on peut traverser lorsqu’on entre dans l’âge adulte.”
Un disque plus risqué qu’il n’y paraît
Discrètement, le batteur de la bande avoue également avoir enregistré In.ter a.li.a en réaction au monde actuel et “à son état déplorable, spécialement aux Etats-Unis”. Si des titres comme No Wolf Like the Present, Incurably Innocent et Governed by Contagions appuient cette idée à la perfection, Tony Hajjar refuse de parler de manifeste politique.
“C’est simplement un disque concerné par son époque. D’ailleurs, on ne s’est jamais considérés comme un groupe politique. On essaie juste de véhiculer des émotions à travers nos musiques et nos pochettes, comme on l’a toujours fait. Avec réussite, je l’espère.”
Pour le rassurer, on lui cite alors la réception critique de Relationship of Command, et son ton s’illumine soudain :
“C’est vrai que ça a été une chance énorme d’avoir un tel album derrière nous. Ça a permis à At The Drive-In de rester dans la tête d’un certain nombre de personnes. Sans son impact, notre retour aurait peut-être été plus compliqué.”
Enregistré en quelques jours au sein du mythique Sound Factory, à Hollywood, In.ter a.li.a était en effet plus risqué qu’il n’y paraît pour quiconque a assisté au retour d’At The Drive-In sur scène en 2012 – à l’époque, on dit qu’il existe des tensions au sein du groupe et que le jeu de guitare d’Omar Rodríguez-López n’est pas au niveau (il s’en excusera dans les médias).
Aujourd’hui, Tony Hajjar parle presque de nouveau départ : “On fait de la musique tous les jours, on s’est considérablement améliorés en tant que musiciens et notre réunion sur scène en 2012 a déclenché de nouvelles ambitions. On a tout de suite eu envie de composer de nouveaux morceaux, de s’étonner et de séduire un plus large public.” Qu’importe le contexte actuel, In.ter a.li.a possède en tout cas tous les arguments pour séduire au-delà de son simple cercle d’initiés.
Concert le 25 août à Paris (Rock en Seine)
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