Erase Errata est un groupe de quatre filles, qui résident à San Francisco, et ressemblent à s’y méprendre aux héroïnes du film Ghost World et des BD de Dan Clowes. Elles enfouissent leurs charmes derrière des lunettes à grosse monture, dans des bottes de motard en cuir usé, sous des blousons de vieux rockeurs oubliés […]
Erase Errata est un groupe de quatre filles, qui résident à San Francisco, et ressemblent à s’y méprendre aux héroïnes du film Ghost World et des BD de Dan Clowes. Elles enfouissent leurs charmes derrière des lunettes à grosse monture, dans des bottes de motard en cuir usé, sous des blousons de vieux rockeurs oubliés et ont dû recevoir plus de mollards en pleine gueule que la plupart des groupes punk vétérans.
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Elles semblent ainsi vivre tout au long de l’année dans un vieux van de tournée : leurs disques sont d’une urgence primitive qui semble conçue pour la scène, n’exister que pour pouvoir exploser chaque soir devant un parterre de punks à crête. Un vrai rêve mouillé pour lesbiennes belles comme des camions bien chromés. Et vu de loin, par des esprits distraits, Erase Errata pourrait bien n’être pris que pour une resucée gauche du vieux mouvement riot girl, qui rêvait, il y a dix ans déjà, de ne plus conjuguer le rock qu’au féminin.
Pourtant, au-delà des questions de sexualité ou de genre, les filles de ce groupe composent, tout comme leurs comparses new-yorkaises Le Tigre, un rock abrasif, décomplexé, apparenté à la no-wave des années 80, puisant autant dans l’héritage de Sonic Youth que dans celui de Captain Beefheart. C’est d’ailleurs dans les disques de Beefheart qu’Erase Errata semble avoir grandi : mêmes désarticulations des dialogues de guitare, mêmes sens de lœurgence quasi messianique, voire apocalyptique.
Ces filles-là, en tout cas, jouent contre la montre, comme pour échapper à une catastrophe imminente. Enregistré en trois jours, Other Animals, leur premier album aujourd’hui réédité, est rempli de cette nécessité de jouer vite, en alignant les déflagrations. At Crystal Palace, pour lequel elles ont eu un peu plus de temps en studio, se révèle tout aussi déglingué, et légèrement plus complexe, démontrant avec aisance les capacités du groupe à conjuguer dans un même élan sauvage des orgasmes post-punk, l’énergie canalisée du free-jazz et des rythmes presque dansants.
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