Un supergroupe de hip-hop français dépeint sa vie : à la peinture très noire. Critique.
Dans le rap, les supergroupes font peine à voir, mélanges de rappeurs et de bras cassés, de concepts fumeux et de featurings avec les potes pour “faire croquer la famille, tavu”. A l’opposé, Asocial Club, qui réunit Al, Casey, Vîrus, DJ Kozi et Prodige, offre un projet d’une cohérence et d’une densité rares. La livraison n’a pourtant rien de réjouissant : dans ce théâtre pour ruelle mal éclairée, on ne danse pas, on rit peu, la colère est noire et la haine visible, échappées de ces zones grises “où l’usine te vire et l’école te renvoie”.
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Maussade, nerveux, misanthrope, l’Asocial Club n’a d’ailleurs pas volé son nom, qu’il affiche un mépris cinglant pour le peuple du rap, ou qu’il cabosse le patronat, les médias au dos courbé ou cette ville à jamais jonchée de tristesses.
Dans ce décor plombé, c’est l’impressionnante précision des plumes et des flows, la cohésion des voix et l’imbrication des mouvements qui sauve le projet de l’étouffement, du trop-plein de cafard. Pessimiste, écrasant mais parfaitement incarné, ce disque est un coup de maître au milieu d’un rap français rarement capable d’une telle singularité sur long format.
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