Inspiré de “Boulevard du crépuscule” de Billy Wilder, “Everyday”, le nouveau clip du rappeur, distille une critique du star-system bling-bling.
D’Elvis Presley à Michael Jackson
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Avec pour scène d’ouverture ce corps monstrueux flottant dans une piscine bordée de palmiers, le clip d’A$AP Rocky, Everyday, adresse un clin d’œil à la mythique séquence du début de Boulevard du crépuscule (Sunset Boulevard) de Billy Wilder.
Féroce critique de l’écrasante machine hollywoodienne, ce film noir, sorti en 1950, narre, à rebours, la descente aux enfers d’un scénariste raté entretenu par une star déchue qui finira par le tuer. Il sert de canevas au clip qui conte, en flash-back, la déchéance d’un hypothétique futur entre médicaments, errance dans une luxueuse villa vide et pétage de boulon.
Derrière l’opulence, l’obésité et le nez bien trop affiné par le bistouri se dessinent d’évidentes références à Michael Jackson et Elvis Presley, foudroyés par les excès entraînés par la célébrité.
A$AP from the block
En s’affublant, dans cette scène de noyade, de lunettes de soleil, d’imposants bijoux en or et, surtout, d’une couronne de lauriers, A$AP Rocky s’imagine en César grotesque, en roi déchu, et livre, en creux, une critique acerbe du rap bling-bling dont les clips reposent sur l’accumulation de signes ostentatoires de richesse.
Une façon de revendiquer sa fidélité à ses origines sociales, de clamer haut et fort qu’il ne changera jamais, vieux leitmotiv du rap et du r’n’b résumé en ces termes par J-Lo dans Jenny from the Block : “Ne te laisse pas avoir par mon assurance, je reste la Jenny du quartier.”
bleu, blanc, rouge
Si ce clip fascinant a fait parler de lui pour ses guest-stars anglo-saxonnes (Mark Ronson, Miguel, Rod Stewart, dont Everyday sample le In a Broken Dream), c’est un Français qui l’a réalisé. Emmanuel Cossu, 37 ans, est la moitié du duo de clipeurs Fleur & Manu, passé par le collectif H5 avant de signer les bijoux visuels que sont les clips de Roche pour Sébastien Tellier, de Pursuit pour Gesaffelstein, ou la trilogie de vidéos pour M83.
Car la France possède un beau vivier de clipeurs : en témoigne le succès de Happy, film halluciné d’une durée de vingt-quatre heures né dans l’esprit farfelu du duo We Are From L.A. ; ou le jouissif Bitch Better Have My Money, court métrage récemment concocté par les quatre garçons de Megaforce pour la superstar Rihanna. Cocorico.
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