Ces dernières années, beaucoup de rappeurs américains sont revenus à la old-school.
Certains par le chemin des écoliers, flâneurs et admirablement cancres, d’autres avec leur petit cartable bien astiqué, au-delà des limites du régressif, voire de l’anal. Sur As Cruel as School Children, comme son titre l’indique, les références au monde scolaire sont omniprésentes, jusque dans le découpage du disque, rythmé par des fausses heures de leçons, de récrés, de déjeuners (le freestyle comique de Sloppy Love Jingle, Pt. 1).
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Ressourcés aux fondamentaux, quand le hip-hop exhibait plus son sourire sardonique que ses 4×4 colossaux, son intelligence que sa puissance physique, son engagement politique et poétique que son cynisme, ses basses joufflues que ses samples clinquants, les Gym Class Heroes sont de dignes héritiers d’Arrested Development (leur chanteur Speech vient d’ailleurs entériner cette filiation) ou Jurassic 5. Mais leur grande force, comme les Roots, c’est d’être aussi un vrai groupe live, avec les digressions, la malléabilité et la liberté de fugue qu’autorise cette formation jamais cadenacée par ses boucles et séquences.
On connaît la passion du groupe pour le rock : le chanteur de Fall Out Boy produit cet album et leur chanson Taxi Driver était une glorieuse list song recensant des passions aussi étranges que At The Drive-In, Trail Of Dead, Postal Service ou Bright Eyes ! Les New-Yorkais, en vrai formation sans œillères, peuvent ainsi passer d’un folk-groove nonchalant à la Jack Johnson ou d’une pop emphatique (7 Weeks) à un rap nettement plus mélancolique (New Friend Request, qui rappelle à quel point MySpace peut être un lugubre club de rencontres). Surtout, le groupe prouve qu’on peut très bien survivre à un single franchement gadget (Cupids Chokehold, qui avait trimballé en 2004 un sample de Supertramp au sommet des charts américains), pour installer sur la longueur un ton en caoutchouc, suave et fêtard.
Ce rap ultracool, voire inoffensif, pourrait très bien ne pas passer l’été : qu’importe, puisque avec ses sourires radieux et son inconscience absolue du bon mauvais goût (franchement, cette reprise de Jermaine Jackson… honnêtement, ces guitares funky…), il en sera la BO officielle.
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