Le chanteur et violoncelliste américain, à la discographie posthume la plus riche depuis Jimi Hendrix, rayonne une fois encore avec ce recueil de pop-songs inédites.
Cas d’école du syndrome famous when dead, le multi-instrumentiste Arthur Russell n’a de cesse de nous fasciner depuis l’au-delà, plus d’un quart de siècle après son décès. Touche-à-tout dans l’underground new-yorkais de son vivant, la majeure partie de son répertoire solo a émergé de façon posthume et au compte-gouttes grâce au travail de son ancien petit ami Tom Lee et du label Audika, gardiens de la légende.
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Une facette pop-folk-country
Producteur disco, songwriter indie rock ou folk, compositeur de classique contemporain, expérimentateur électrique : sa fécondité et l’étendue de sa palette subjuguent, et leur découverte progressive est celle d’un trésor inestimable et infiniment personnel. Sa vie cabossée, marquée par l’insuccès et un caractère qui le rendait impraticable, son visage abîmé, son filet vocal irisé et chaleureux composent le portrait d’un artiste a posteriori majeur de la pop du XXe siècle. Volontiers paranoïaque (il crut un temps que les Stones lui avaient volé ses demos), il aurait probablement savouré l’ironie de se voir aujourd’hui samplé par Kanye West, ou en synchro dans une pub pour un fournisseur mobile britannique.
C’est ici le Russell pop, folk, voire country, que donne à écouter une énième et miraculeuse compilation d’inédits, Iowa Dream, principalement composée de maquettes pour des majors ou d’enregistrements maison de 1974 à 1985. Comme toujours, puissance et sincérité percent à vif, dans les moindres bruissements de ces premiers jets déjà très aboutis. On y entend la nostalgie d’une enfance rurale (le classique indie instantané Iowa Dream), la satire du quotidien (Just Regular People), l’excitation sexuelle sous les mots doux (Words of Love, le slow rock sexy List of Boys), ou la douleur de la rupture (la désarmante ballade In Love with You for the Last Time).
Puis, quand Russell arrive en ville, il traîne avec le Tout-New York arty (Barefoot in New York, grand numéro de hipster vintage en flux continu par le poète Jackson Mac Low), joue avec Rhys Chatham, fait du disco-rock débonnaire (I Kissed the Girl from Outer Space) et lâche un tube de funk-pop frissonnant aux paroles elliptiques, You Did It Yourself. Porte d’entrée ou pièce manquante, Iowa Dream est un précipité de beauté, parmi tant d’autres, d’un artiste qui ne mourra jamais.
Iowa Dream Audika Records
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