Fricotant avec la pop pour mieux tromper la house, Herbert bricole à la maison son propre univers, racé et mélodieux. “Il n’y a plus grand-chose à tirer d’une boîte à rythmes, particulièrement dans la house, où composer est toujours un compromis. C’est pourquoi j’essaie d’inventer un nouveau langage.” Partant de ce constat, Matthew Herbert ne […]
Fricotant avec la pop pour mieux tromper la house, Herbert bricole à la maison son propre univers, racé et mélodieux.
« Il n’y a plus grand-chose à tirer d’une boîte à rythmes, particulièrement dans la house, où composer est toujours un compromis. C’est pourquoi j’essaie d’inventer un nouveau langage. » Partant de ce constat, Matthew Herbert ne pouvait se contenter du tout-sonnant livré clé en main ou de piocher dans les banques de données pauvres en surprises. De ses débuts sur le label indépendant Clear à ses tentatives de faire rimer electro et rigolo sous le pseudonyme de Dr Rockit en passant par ses prestations live ébouriffantes, il poursuit un chemin qui semble l’entraîner toujours plus vers la marge. Son envie de casser les habitudes, sa volonté de puiser dans le quotidien pour nourrir sa musique l’imposent pourtant de plus en plus comme un point de repère indispensable, un chercheur qui, au lieu de jouer à la star électronique, préférerait garder le nez dans le cambouis de ses expérimentations et le cerveau en alerte pour inventer un nouvel idiome. De par sa singularité, Around the house le voit toucher au but, oeuvre impressionnante et personnelle, marquée par aucun relâchement, aucune facilité, mais plutôt par une sophistication qui a peu à voir avec les canons usités sur les dance-floors. Ce sera la première force de cette musique qui tourne littéralement autour de la house sans en épouser les clichés, fuyant le carcan d’un genre aux dérapages trop bien contrôlés, pour retrouver le plaisir des accidents, des anicroches entre une voix et des sons. Car Herbert qui affirme avoir cherché pendant cinq ans une voix à même de supporter ses chansons paraît largement avoir trouvé l’oiseau rare avec la Californienne Dani Siciliano. Expressif et velouté, son chant se porte volontaire à toutes les coupes, tous les sacrifices, jouant pour son metteur en forme le rôle d’une matière première digne d’être sculptée et maltraitée. En si rassurante compagnie, Herbert s’aventure ainsi dans des terres encore désertes mais pourtant loin d’être arides, où la pop et la house ne se rencontreraient pas seulement à un hypothétique confluent, mais naîtraient carrément à la même source. S’il fallait vraiment chercher une explication aux trémoussements languides, aux danses charnelles et charmeuses suggérées par Going round ou So now, on invoquerait l’emballage particulièrement stylé, des mélodies brise-coeurs mais pourquoi rompre le charme avec des questions, avec du cartésien ? Sur l’émouvante ballade The Last beat, le rythme disparaît d’ailleurs presque complètement, gardant seulement une présence en filigrane, derrière l’écrin sonore disposé autour de la chanteuse. Préférant les recettes maison aux ingrédients trop répandus il prend même son breakfast en plein milieu d’In the kitchen , Herbert privilégie les épices et les herbes folles. La cuisine maison au sens le plus noble du terme.
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