Victoire éclatante de la pop française, le nouvel album d’Arman Méliès mélange electro et chanson orchestrale. Pas un hasard si ce génie méconnu a été choisi autrefois par Bashung.
Avec ses textes inspirés et son electro éclatante, on avait envie de penser que IV était un album très français, à mi-chemin exactement de la chanson française et de la French Touch : la rencontre, enfin, de ces deux mouvements parallèles, aux origines esthétiques pourtant si différentes – en somme, une sorte d’aboutissement de la musique hexagonale.
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Mais Arman Méliès coupe court aux fantasmes autour de son projet musical. “J’ai l’impression que la French Touch ne m’a pas du tout influencé. Quant à la chanson française, je n’en ai jamais beaucoup écouté. Il y a comme un malentendu : je chante en français, mais j’ai vraiment l’impression de faire de la pop.” Il faudra donc repenser ce quatrième album, et reprendre depuis le début.
Jan Fiévé – futur Arman Méliès – entre en musique au début des années 90. La guitare sous le bras, il collabore à divers projets plutôt rock, plutôt discrets. Preuve peut-être d’une certaine maturité, il entame au début des années 2000 un travail en solo, qui prendra peu à peu le pas sur l’aventure collective. Entre 2003 et 2008, il publie trois albums et une poignée d’ep, son chemin croise ainsi ceux de Dominique A et d’Alain Bashung, ce dernier le sollicitant pour travailler sur Bleu pétrole. “Bashung a été une grande leçon, un vrai déclic. C’était un monument, mais humainement c’était une crème. Il était toujours très curieux d’explorer de nouvelles choses.”
De nouvelles choses, Arman Méliès en essaiera peu après, quand la lumière d’un quatrième album se fit sur le besoin d’écrire pour soi. Car au coeur du projet Arman Méliès, il y a l’idée du songwriting. “Au départ, il y avait cette démarche de vouloir créer de la poésie avec trois fois rien. Mes modèles, ce sont Neil Young et Leonard Cohen. Mais très vite, je me suis retrouvé à mille lieues de ce que je voulais faire.”
Effectivement, on a dérivé. Mais la poésie est resté à flot. Avec IV, les machines ont remplacé les guitares : dans les années 2010, Arman Méliès se veut résolument contemporain, son écriture froide et synthétique. “Ecrire pour d’autres m’a fait prendre du recul sur ma musique. J’ai voulu une rupture assez nette, pas du tout par rejet des albums précédents mais seulement par envie d’aller voir ailleurs.”
Cette volonté de réinvention, d’exploration des espaces électroniques, d’extension du domaine de la fuite en avant, on ne peut que s’en réjouir en écoutant des pièces d’orfèvrerie ambient comme Fern Insel, des claviers puissamment new-wave comme ceux de Dans la cendrée, des délires kraut et profonds comme Mes chers amis. Mais dans IV, on trouve aussi Pompéi – tube potentiel et poignant bricolé avec Julien Doré –, et surtout Silvaplana, une folie de dix minutes mariant avec une étrange magie le Comme un Lego de Bashung et le Siberian Breaks de MGMT. Peut-être n’y a-t-il ainsi pas grand-chose à comprendre à l’évolution d’Arman Méliès, juste de quoi se perdre dans la pure contemplation.
Concerts : le 15 avril à Lille, le 13 mai à Paris (Maroquinerie), le 15 à Strasbourg
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