Une sensuelle rencontre au sommet entre jazzmen et instrumentistes classiques.
Le luthiste Rolf Lislevand, le batteur Pierre Favre ou le saxophoniste Raphaël Imbert ont récemment démontré que le jazz et le baroque, par-delà les siècles qui ont séparé leurs actes de naissance, étaient capables d’engager d’intenses et profonds dialogues. Car le premier peut rafraîchir la mémoire du second, en lui rappelant que l’improvisation faisait originellement partie de sa palette expressive ; tandis que le second, par sa rigueur d’exécution, peut entraîner le premier vers des sommets de sophistication.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Cet échange de haut vol, Michel Godard, délaissant le tuba au profit du timbre chaud et solennel de son ancêtre de bois et cuir, le serpent, le prolonge dans un album qui sonne comme des retrouvailles entre vieux amis. Lieu de partage entre des électrons libres du jazz et du classique et les instrumentistes de l’Atelier des musiciens du Louvre, Archangelica est mieux qu’un disque posté à la lisière de deux genres : il ouvre un territoire autonome, aux paysages inattendus. Avec ses notes de clavecin et de contrebasse qui glissent sur un tapis de cordes comme des perles de pluie sur un ramage d’automne, L’Or des ténèbres rivalise ainsi avec les plus poignantes partitions de John Barry ou de Georges Delerue.
Ailleurs, les vocalises de Maria Pia De Vito ne sont pas sans évoquer les effets de gorge réalisés par Edda Dell’Orso dans les BO d’Ennio Morricone. Précisément tenue ou secouée par les bourrasques de l’improvisation, la musique échappe ici en permanence aux sinistres conventions du “crossover”. Plus qu’une simple rencontre, ce projet placé sous le signe de la sensualité orchestre une véritable étreinte amoureuse.
{"type":"Banniere-Basse"}