Avec des programmations titanesques s’étalant sur presque trois mois, le festival des Nuits de Fourvière s’est bâti, au fil des années, une solide réputation. Après dEUS, Franz Ferdinand, Adam Green et les Strokes l’année dernière, c’est cette fois-ci au tour d’Arcade Fire et Herman Düne de fouler la scène du théâtre antique de Lyon. Compte-rendu d’un concert triomphal.
Ils étaient attendus depuis des mois. En mars dernier, la nouvelle était tombée peu après leur brillant concert parisien : Arcade Fire n’assurerait pas sa date lyonnaise. Win Butler souffrant et incapable de chanter, le groupe préférait mettre un terme à sa tournée européenne, à contre cœur. Une déception pour tous ceux qui patientaient depuis longtemps pour voir les Montréalais sur scène.
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Après des mois d’attente, c’est donc devant un théâtre plein à craquer qu’Arcade Fire s’apprête à jouer ce soir, précédé par Herman Düne.
Impressionnés par la foule massée à leurs pieds, les quatre parisiens n’en livrent pas moins un concert à la hauteur de leur superbe dernier album, Giant. Renforcé par la présence de deux musiciens d’Arcade Fire armés de trompette, saxophone et clarinette, Herman Düne distille peu à peu ses perles folk douces-amères. Menés par David -que l’on croirait tout droit sorti d’un campement de hippies-, les quatre compères démontrent une fois de plus leur talent à jouer des comptines intemporelles, parfois drôles, parfois mélancoliques. Rythmées par la batterie de Neman, dont les prestations scéniques aux cotés de Zombie-Zombie, son projet parallèle, atteignent des sommets de folie furieuse, les mélodies d’Heman Düne résonnent dans le théâtre qui danse au son de la voix si particulière de David. Après une dizaine de morceaux, le groupe s’éclipse, laissant la place aux messies Canadiens.
L’entrée d’Arcade Fire est digne de celle d’un empereur romain : les dix musiciens investissent la scène au son des acclamations survoltées d’un public plus impatient que jamais d’enfin assister au concert manqué du mois de mars. Le somptueux Black Mirror ouvre le bal tandis que la scène s’illumine : trônant au milieu des dizaines d’instruments, des projecteurs diffusent des images de films en noir et blanc pendant que de grands néons rouges installés à la verticale devant les musiciens s’allument. Le son, légèrement brouillon au début du concert, plein air oblige, envahit la fosse, jusqu’à faire trembler les dernier rangs des gradins.
« Nous sommes très heureux d’être là ! » lance Win Butler à la fin de l’éclatant No Cars Go. Tandis que des « Régine, je t’aime » fusent -et énervent passablement son leader de mari qui finira par lâcher, agacé, un « she’s my wife, asshole » (« c’est ma femme, connard« )-, les Canadiens entament une reprise surprenante de Poupée de Cire. Rayonnante, Régine Chassagne concentre tous les regards hypnotisés du public jusqu’à ce que le reste de la troupe s’empare du morceau qui se termine en grande messe mystique, violons, claviers, batterie et guitares s’emmêlant jusqu’à ne faire plus qu’un.
Suivent Black Wave, My Body Is A Cage et Neighborhood #2 (Laika) sur lesquelles le groupe explose furieusement, se nourrissant de l’énergie de la foule, qu’il pousse continuellement à la révolte. Pas étonnant dans ce cas d’avoir l’impression que les Canadiens donnent ici le dernier concert de leur vie. Chacun semble à bout de souffle, comme pris d’un dernier sursaut de résistance. Et il n’y a qu’à regarder Richard Reed Parry pour comprendre que l’instinct de survie peut parfois prendre des formes bien surprenantes : poursuivi par l’un de ses comparses enragé et armé de baguettes en bois, le rouquin hystérique n’hésite pas à sauter dans le public en plein milieu d’un morceau pour lui échapper.
Entre chaque titre, la foule fredonne en chœur la mélodie du morceau qui vient de s’achever, si bien que les chansons des Montréalais semblent flotter au dessus du théâtre, en apesanteur.
Aux premières notes de Neighborhood #3 (Power Out), le public s’enflamme. Les dix forcenés s’agitent sur scène comme s’ils avaient perdu la raison, échangeant sans cesse leur place et leurs instruments au son de la guitare de Win Butler. Puis viennent Rebellion (Lies), hymne surnaturel d’un groupe qui l’est à l’évidence tout autant, Keep The Car Running, et le fabuleux Wake Up qui signe la fin d’un concert triomphal, une communion d’une rare intensité entre une foule de fidèles en transe et un groupe unique au monde.
Crédits Photo : ©Romain Massola (www.myspace.com/enjoi_romain)
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– Site officiel : www.nuitsdefourviere.org
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