Pop, rock et fanfare baroque ou l’énergie épique d’Arcade Fire.
Las de s’entendre dire qu’on était « vraiment trop con d’avoir raté Arcade Fire au Nouveau Casino » (le 10 mars dernier) parce que « c’était un concert vraiment dément » et qu’en plus les petits protégés Américano-Québécois de Beck, David Byrne et Bowie (rien que ça ) avaient fait « un super after acoustique rue Oberkampf » (enfin c’est ce qu’ils disent pour nous rendre jaloux, ces crâneurs’), on s’était alors juré que celui de l’Elysée Montmartre, on ne le raterait sous aucun prétexte. D’autant que, la semaine dernière, on avait découvert « As a Good Home », le premier disque de Final Fantasy (projet solo d’Owen Pallett, violoniste d’Arcade Fire programmé en première partie) et qu’on avait été pas mal touché, voire très ému, par ses ritournelles minimales assez barrées. Quelque chose entre Montage et Neil Hannon, avec un petit ton très mélodieux à la Yann Tiersen, mais aussi une curieuse dimension répétitive façon Steve Reich.
Ce soir-là donc, l’Elysée Montmartre est repu. Même que Gus Van Sant et Hedi Slimane jouent à cache-cache au nombril de la foule opaque. The place to be hype… Très british dans son petit costume noir et derrière la mèche blonde bien peignée, Final Fantasy l’irradie d’emblée de sa présence unique. Ou l’art de transformer un simple violon à pédales en mini-orchestre symphonique Tour à tour tambour, guitare, arc, flèche et corde tendue, son instrument magique transcende ses frontières originelles pour se démultiplier en échos choraux sous les élégantes vocalises de son maestro nerveux. Il y a de quoi Exalté à la perspective savoureuse du met suivant, le public lui sert une ovation chaleureuse. Un petit tour smart et puis s’en va.
Place dès lors au hors-d’ uvre (chef-d’ uvre ?) pop-rock baroque de la fanfare sans cuivre d’Arcade Fire. Ils sont sept. Tels une armée d’anges affublés de violons, guitares, batterie, percussions, accordéon, violoncelle, basse, dont l’énergie collective fait figure de croisade épique. Deux surtout : le chanteur guitariste christique Win Butler et Régine Chassagne, sa compagne au timbre virginal. Funeral (premier album fulgurant en passe de pulvériser tous les classements du genre, publié par le petit label nord-américain Merge Records et acheminé en Europe via Rough Trade), semble célébrer ici leur idylle. Sinon les noces improbables de Franck Black période Pixies et Björk sous Tranxene sur l’autel de Godspeed Black Emperor!, avec Ian McCulloch et Yvette Horner liftée pour témoins. De Neighborhood 1, 2, 3, puis 4 en Rebellion (lies), le crescendo a renversé la salle. Et s’est miraculeusement achevé dans la fosse.
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