En entremêlant classique et électronique, le mystérieux prodige français orchestre avec maestria le come-back de Bach dans les bacs.
Les liaisons entre musiques classique et électronique ont toujours été dangereuses, offrant le pire comme le meilleur. Créé en 2010, Arandel, mystérieux projet français cultivant l’anonymat et s’obligeant à un dogme technique précis (pas de samples, pas de technologie MIDI, le tout joué uniquement en ré), a produit cinq albums jonglant avec les influences (Brian Eno, Steve Reich, le krautrock, le label Warp), mélangeant electro et collages, diffractions sonores et expérimentations modulaires en une post-electronica songeuse et inventive, pour faire court.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop","device":"desktop"}
“C’est l’universalité de Bach qui m’a fait m’y intéresser”
Né d’une proposition du musée de la Musique de la Philharmonie de Paris, InBach est “un disque rempli de contraintes”, selon les mots d’Arandel. “D’abord parce que les instruments du musée de la Musique, à cause de leur rareté, leur ancienneté et leur fragilité, ne peuvent être joués que par des instrumentistes certifiés. Moi-même, je n’avais pas le droit d’y toucher et c’est donc Sébastien Roué qui s’est chargé de toutes les partitions que je lui ai demandé d’exécuter. Ensuite, dans mon studio, j’ai découpé, collé, assemblé, rejoué certaines partitions complétées par des synthés, ce qui est à la base du travail entamé avec Arandel.”
Touche-à-tout de génie, passant les siècles avec succès et inspirant nombres de relectures (du Switched-On Bach tout en Moog de la géniale Wendy Carlos à Jacques Loussier qui l’a jazzifié en passant par les slows sirupeux façon Bach des seventies), le compositeur ne pouvait que séduire Arandel. “C’est vraiment l’universalité de sa musique qui m’a fait m’y intéresser. Je ne le connaissais pas plus que les autres en entamant ce projet. Je n’ai pas de formation académique, je ne joue vraiment d’aucun instrument. Mais je pense que ne pas tenir Bach pour sacré a rendu possible cet album.”
Agrémenté de collaborations haut de gamme (Barbara Carlotti, Vanessa Wagner, Gaspar Claus, Areski), InBach est tout sauf un disque de spécialiste, mais plutôt un moyen pour Arandel de dévoiler pour la première fois son identité réelle, d’abandonner son projet d’anonymat, tout en fouillant les archives pour y dénicher de la modernité entre pop mélancolique et comptines baroques non dépourvues d’humour.
“Ce qui me fascine dans Bach, c’est la manière dont sa musique se métamorphose et se prête aux relectures et transmutations, certaines plus heureuses que d’autres. C’est aussi pour ça que j’ai fait appel à tant de collaborateurs, je cherchais à la fois à serpenter dans les méandres de la musique de Bach, mais aussi à rappeler, à la manière d’un chef d’orchestre, sa modernité.” Une excuse en or pour Arandel de projeter Bach to the future !
InBach (InFiné & Philharmonie de Paris/Bigwax)
{"type":"Banniere-Basse","device":"desktop"}