Mark Kozelek fait durer le printemps sur un nouvel album virtuose.
En une quinzaine d’années, sous un certain nombre d’identités différentes (Red House Painters, Sun Kil Moon et sous son propre nom), Mark Kozelek a creusé le sillon d’une certaine idée de la mélancolie, entièrement centrée sur la personnalité énigmatique et la vie décousue de ce songwriter californien. “En avril ne te découvre pas d’un fil”, semble ainsi chuchoter cet April : malgré quelques passages nuageux parsemés de tempêtes électriques (The Light ou Tonight the Sky, inspirés par Neil Young), ce sont bien les ballades élégiaques, aux constructions savantes et aux mélodies éthérées, qui imposent le rythme à cet album complexe et éminemment littéraire.
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Sans heurts ni cris, avec une patience infinie, Mark et ses musiciens déploient des trésors d’ingéniosité pour promener l’auditeur jusqu’à l’hypnose. Par d’infimes variations (Tonight in Bilbao, Heron Blue) ou de subtiles ruptures de tempo (Lost Verses, Blue Orchids), April garde comme seul fil conducteur la voix de son maître, d’une empathie toujours singulière. Ainsi, si le propos ne semble pas avoir beaucoup évolué en quinze ans, le plaisir, lui est toujours présent. Et ce n’est pas Bonnie Prince Billy et Ben Gibbard (Death Cab For Cutie), venus prêter leurs voix sur plusieurs morceaux, qui prétendront le contraire.
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