La ligne grésille un peu, ça saute. Et puis on finit par entendre leurs voix, très semblables, à l’autre bout du fil. Dominic Maker and Kai Campos ont passé une partie de leur été à parler aux journalistes pour la promo de leur troisième album, le premier en quatre ans. Ils ont pris leur temps après le […]
Les deux producteurs sont de retour avec « Love What Survives », troisième album plus ouvert, plus généreux. Ils y invitent quelques amis, dont James Blake et King Krule.
La ligne grésille un peu, ça saute. Et puis on finit par entendre leurs voix, très semblables, à l’autre bout du fil. Dominic Maker and Kai Campos ont passé une partie de leur été à parler aux journalistes pour la promo de leur troisième album, le premier en quatre ans. Ils ont pris leur temps après le succès de Cold Spring Fault Less Youth, en 2013, et les tournées allant de pair. Ils ont respiré, se sont reposés, puis ont repris le chemin de la composition entre Londres et Los Angeles – toujours en prenant leur temps. Au final, ce nouvel album de Mount Kimbie leur a demandé trois ans de travail. Les deux garçons l’ont titré Love What Survives et le sortent une nouvelle fois chez Warp.
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Ils se disent excités mais sereins. Car mine de rien, à 30 ans chacun, ils en ont déjà dix de carrière, ou pas loin. “On a évidemment eu des périodes de creux, où le besoin de prendre du recul se faisait ressentir, raconte Dominic. Mais on n’a jamais eu autant d’appétit que maintenant.” Ça tombe bien, la hype qu’ils ont connue est à peine retombée et Love What Survives, avec ses featuring et ses morceaux presque pop, devrait justifier ces quatre années de silence discographique auprès de leur public.
Et Mount Kimbie apparu
Un public conquis au tournant de la décennie, alors qu’un vent de minimalisme souffle sur l’Angleterre. Un peu partout autour, à l’époque, l’EDM étend son vacarme et prend le contrôle des radios. C’est là qu’apparaît Mount Kimbie dans la musique électronique, tandis que The xx adoucit les mœurs dans le rock, et que James Blake en fait autant dans la soul. Ce dernier est d’ailleurs devenu un pote de Kai et Dominic, qui l’invitent ici sur deux morceaux.
On retrouve également, plus haut dans la tracklist, les voix si particulières de King Krule, Micachu et Andrea Balency. Encore des potes. “Faire appel à eux était quelque chose de très simple et naturel, balaye Dominic. Ce sont des personnes qu’on fréquente. On a un respect total pour eux, autant professionnellement et que personnellement.” Sur Facebook, en partageant le morceau issu de leur collaboration, King Krule parle en effet d’“échanges très honnêtes” avec Mount Kimbie. L’air foncedé même à l’écrit, il ajoute : “Enregistré l’année dernière, en quelques jours seulement, j’étais au fond d’une solide insomnie, j’ai été invité à travailler avec la montagne.” Okay.
Un album à partager
Kai et Dominic sont clairement partis dans l’idée de “partager un album”. Leurs invités n’ont pas seulement posé leurs voix sur des prods, mais bel et bien accompagné le processus de chaque morceau en question. Au final, la moitié de l’album est en collab, ce qui lui confère cette ouverture et ces sonorités nouvelles. “On essaie toujours de rester curieux, de se comporter comme des débutants, explique Kai. Bien qu’on ne soit pas du tout nostalgiques de nos débuts… On a vécu des choses géniales, mais notre travail est plus intéressant aujourd’hui.” Dominic va dans le même sens quand on lui parle du chemin parcouru.
“On a voulu explorer de nouvelles zones musicales, dit-il. Nos méthodes de travail ont changé. En fait, on a tout repris à zéro pour cet album. Il a fallu se concentrer sur ce qu’on avait vraiment envie de faire, et pas seulement sur ce qu’on attendait de nous.”
Pendant un temps, avec quelques autres, Mount Kimbie a incarné cette microchose qu’on a appelée le post-dubstep. Une musique électronique au ralenti, sans structures ni BPM spécifiés à l’avance. Les hype partent parfois comme ça, avec l’invention d’un mot. Mais cette époque semble déjà loin pour Dominic et Kai, et la validité du vocable depuis longtemps expirée. Ils ne veulent plus être définis par un mot, ni appartenir à quoi que ce soit de trop précis. La suite de leur carrière s’envole d’ailleurs dans ce sens : Dominic a produit une partie de 4:44, le dernier Jay Z, et les deux bossent actuellement sur des projets dont ils n’ont pas le droit de parler. “On a encore beaucoup de choses à dire”, laisse planer Dominic.
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