Lyrique jusqu’à l’exaltation, du rock qui fume, par une union sacrée franco-belge. Critique et écoute.
Un chanteur français, deux musiciens wallons, deux instrumentistes flamands : sur le papier, ce genre de greffe a toutes les chances d’enfanter un avorton. Seulement voilà, Applause est né sous une bonne étoile ou, plus exactement, sous les auspices d’une union sacrée. “Ils cherchaient une voix, je suis devenu le cinquième élément du projet. Il a fallu que j’apprenne à les connaître, à me glisser dans leur façon de travailler ensemble depuis presque quinze ans.”
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Plus qu’une voix, c’est une véritable matière musicale qu’a amenée Nicolas Ly au collectif. Un diamant brut, cristallisé à force d’années à essayer d’apprivoiser Billie Holiday et Nina Simone avec une tessiture masculine, un don du ciel entre Jeff Buckley et Thom Yorke – avec une âme soul. Avec ce genre de matériau, les quatre Bruxellois ont vu une lumière, un sésame pour sortir de leur musique instrumentale et imaginer d’autres cascades.
En à peine une poignée de chansons, Applause a su trouver la combinaison : une musique protéiforme, qui ne perd jamais de vue la mélodie mais adore jouer à cache-cache avec elle dans de belles intrigues cinématiques. Leur premier album est plus une longue balade, une contemplation organique, qu’une suite de chansons. Glissant entre les genres, Applause passe de sas en sas, avec comme liants le chant habité de Nicolas Ly et les diaboliques sons de synthé qui teintent le voyage de leur humeur violacée.
Dans le monde intérieur d’Applause, la pop file des cotons pures fibres (All About You, Road to Nowhere, Hope You’re Better), puis s’encanaille avec la soul (Black Sand) et domestique le funk. Elle rêve du cinéma de Lynch (It’s About Time, White Funeral), d’émeutes electro-anxiogènes (Witches, A Way out of Blue), d’abstraction jazz (Feelings) et de grandes fresques lyriques montées tout en cordes (The Woods) ou en mini-opéras progressifs (Where It All Began) au moment de l’apothéose. Et dire qu’il y a encore quatre ans, ces cinq-là ne se connaissaient pas et erraient dans des destins précaires. Applause ? Des deux mains.
{"type":"Banniere-Basse"}