Suite et fin de la première écoute et des premières impressions du gargantuesque et magistral Drukqs, nouvel album d’Aphex Twin. Un disque double, qui mêle mélancolie et frénésie, tensions et élévation.
CD 2
54 Cymru Beats
A l’inverse du premier CD, le second débute par un morceau frénétique, que l’on peut d’ailleurs déjà écouter sur le site de Warp Records. 54 Cymru Beats est un de ces « party tracks » qu’affectionnent les fous de rave et de soirées extasiées. Plus encore, ce morceau est d’une frénésie jubilatoire, débordante, qui oblige à danser à quatre pattes, à s’inventer de nouveaux membres, de nouvelles leçons d’équilibre.
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Btoum roumada
Après la folie de l’ouverture, ce morceau sonne comme un hymne d’Eglise, fragile et intime, presque en larmes, comme un orgue blessé.
Lornaderek
Après l’intimité effleurée dans le morceau précédent, Lornaderek offre aux voyeurs une vue trouble de la vie privée de Richard James : ici, rien d’autre qu’un message téléphonique où l’on entend la mère d’Aphex lui souhaiter un bon anniversaire. On connaît des artistes prétendument moins autistes, qui ne se livrent pas autant.
Penty Harmonium
Un harmonium éraillé, qui égrène quelques notes minimales et rappelle les premiers enregistrements lo-fi de Terry Riley, mais en moins long et plus serré.
Meltphace 6
Un morceau qui sonne comme du AFX classique, mais en plus dense, plus riche, incrusté de voix, de souffles cosmiques.
Bit4
Une note de synthé, 2 secondes : le morceau le plus court de l’histoire ? (non : Napalm Death a déjà fait plus court, et presque aussi bien’)
Prep Gwarlek 3b
Des percussions et un piano, des cordes synthétiques. Le tout enregistré à distance : Aphex Twin semble chercher une simplicité d’enfant , désarmante. Dans son château de faux adulte, il devait étouffer.
Father
Une minute de piano, qui rappelle quelques morceaux du CD précédent, et trace une généalogie minimale, entre la voix de la mère qui précédait et ce titre-ci.
Taking Control
Après l’apaisement, et le recueillement qui commençait à s’installer progressivement, Aphex casse le mouvement avec ce morceau electro, vintage, qui rappelle un Kraftwerk effrayant, robotisé jusqu’à l’os, tel un Terminator musical : le morceau qui tue tous les autres.
Petiatil Cx Htdui
Nouvelle vignette au piano, comme un Elton John pas gras, pas chiant, pas tapette, mais tout aussi fou.
Ruglen Holon
Un morceau à la mélodie japonaise, voisine lo-fi de la BO de Furyo. Ici, Aphex semble embrasser à pleine bouche une des figures paternelles de la techno de salon : Ryuichi Sakamoto et son YMO.
Afx237 v7
Comme le titre l’indique, ce morceau s’inscrit dans la lignée des morceaux signés AFX, c’est-à-dire la veine la plus hardcore de Richard James, irrésolue, incorruptible. La folie, là encore, sonne comme un jeu vidéo épileptique.
Ziggomatic v17
Une basse aquatique déboule, et tourne, comme à Detroit, comme chez Drexciya, mais en plus rapide, plus speed, nettement plus drum’n’bass. La jungle technoïde d’Aphex Twin est infestée de météorites ardents. On commence, là, à perdre pied, à s’essouffler. Où est la sortie ?
Beskhu3epnm
Nouvel appel du pied à Sakamoto, et à un Japon imaginaire, rêvé, rempli de fleurs immaculées et de mélodies folkloriques ancestrales. L’apaisement est là.
Nanou2
Dernière ligne droite, après 110 minutes de musique : un final apaisé, au piano. Quelques phrases simples, des notes éparpillées, comme jouées par un enfant. La tension retombe, il n’y a plus de tremblement des mains, des jambes, du c’ur. Une seule impatience : vite réécouter ce diable d’album.
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