Lumineux et introspectif, le second ep du tandem parisien Apes & Horses est à découvrir en exclusivité, suivi d’une interview de ses ingénieux hommes-machines.
Trois ans après le premier Ep Bleu Nuit, Aurélien Hamm (voix, machines) et Pablo Altar (machines, claviers) sortent enfin de leur home-grotte- studio pour dévoiler un ouvrage de pop racée, plus minimaliste dans sa production, mais pas moins minutieux. Délaissant la formule guitare- basse – batterie, ils se retrouvent seuls aux manettes d’Apes & Horses, travaillant en osmose et se concentrant sur leurs machines et synthés. Distillant leurs mélodies pour n’en garder que l’essence la plus légère et l’ambiance la plus organique, l’ep Echo en fait moins pour en dire plus, se jouant des contraires, entre sensualité et spiritualité, mélancolie et joie.
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Ecoutez l’ep « Echo » en avant-première via le player ci-dessous :
Depuis votre premier EP Bleu Nuit (2013), le groupe Apes & Horses s’est mué en duo, pourquoi ?
Pablo : On travaillait déjà en duo à nos débuts, sauf qu’on jouait avec deux autres personnes : un bassiste et un batteur. On voulait explorer le jeu live, la scène. On a donc fait ce premier ep « Bleu Nuit » et puis après on a eu envie d’expérimenter autre chose. D’un aspect pratique on est passé de quatre à deux. Mais entre le premier et le second ep, c’est surtout notre façon de travailler et notre recherche musicale qui a changée, la façon dont on pense les morceaux. On est revenu tous les deux pour être plus concentrés sur les machines. Je pense que c’est aussi un peu plus personnel.
Aurélien : Et puis aujourd’hui, il n’y a plus d’intermédiaires, il y a ce truc entre Pablo et moi. C’est beaucoup plus direct.
Trois ans se sont écoulés entre les deux ep : il y a eu beaucoup de réflexion derrière ?
Aurélien : Oui, et on a enregistré beaucoup de chansons aussi. Pour notre deuxième ep, on en a maquetté 20 titres, presque autant que pour notre premier EP. Et au final, on a choisi que 5 morceaux, et ça a été long pour ça aussi. On les a enregistré en home studio, à la maison.
Vous êtes un peu perfectionnistes ?
Pablo : Oui plutôt (rires)
Aurélien : Oui mais au final ce qui est étrange, c’est que l’ep ne sonne pas comme un objet trop minutieux.
On ressent ce travail de simplification et d‘épuration sur l’ep Echo. En faire moins pour en dire plus ?
Aurélien : C’est plus ralenti aussi.
Pablo : Oui je pense qu’on avait l’idée de simplifier les choses, d’ailleurs on a toujours voulu se diriger vers un certain minimalisme. Avec cet ep « Echo » on arrive vraiment à transmettre ce qu’on voulait déjà dire avec le premier EP, mais avec encore plus de précisions. Avec moins de pistes instrumentales, tout simplement.
Les paroles sont construits comme des mantras, n’est-ce-pas ?
Aurélien : Oui, ce sont des mantras que je me répète. John Lennon fonctionnait comme ça, dans la composition de ses chansons ou Deerhunter. C’est un procédé qui fait que tu répètes des mots, encore et encore, des mots qui sont sonores dans un sens pour te convaincre, mais aussi pour amener d’autres idées par rapport à ce mot. Je prends un thème par exemple pour le titre Ashes : c’est parti de You burn the house. Je voulais parler de ce que ça représentait une maison, et ça m’a amené à plein de suggestions d’idées qui étaient à l’intérieur de moi et qui sortaient tout d’un coup. Ce sont des associations d’idées et de mots, mais qui ne sont pas forcément représentatives de ce que je ressentais sur le moment. Ce sont des choses qui sont surement plus enfouies. Qui sont plus cachées, c’est ça qui m’intéresse.
Aurélien, tu penses que la méditation nourrit ton travail ?
Aurélien : Je continue à la faire. Oui c’est sur. Je pratique matin et soir. Je récite un mantra. Et bien sûr que c’est lié. C’est complétement connecté. Après ce n’est pas, parce que je médite que ça me rend plus calme (rires). Pablo est beaucoup plus posé que moi au final.
A l’exception du titre OYM, ta voix garde pourtant un calme olympien…
Aurélien : C’est vrai. Je n’éprouve plus le besoin ni l’envie de chanter fort, voir de crier. Et puis, on a voulu mettre la voix beaucoup plus en avant dans le mix ce nouvel EP. Elle est moins noyée dans la reverb. Donc je n’en éprouve plus non plus la nécessité.
Concrètement, vous avez aussi changé d’instruments ? C’est devenu beaucoup plus électronique?
Pablo : Avant c’était assez classique : basse, batterie, synthé, guitare. Mais même notre synthé était très simple. Alors qu’aujourd’hui, il y en a beaucoup plus. Beaucoup plus d’électronique et de machines en général.
Il y a dans votre musique, un message positif qui se dégage, une facilité d’écoute presque salutaire…
Pablo : Ca reste un plaisir pour nous la musique. On ne veut pas rendre ça violent, ou compliqué à écouter ou je ne sais quoi. Ça n’est pas du tout compliqué à écouter au contraire.
Vos photos (cf. portrait à la une de l’article), on a déjà dû vous dire qu’elles avait un petit côté Steve Jobs ?
Aurélien : oui je m’en suis rendue compte qu’on sortait de la séance de photo, j’étais dans le métro et j’ai vu l’affiche du film récent sur Steve… (rires) On voulait quelque chose de très neutre en fait, de très très simple, limite des photos d’identité, pas du tout posé. On ne voulait pas être mystérieux pour être mystérieux. Avant déjà, on n’avait pas envie qu’il y ait nos visages, on avait peur de ça.
Pablo : On ne veut pas se mettre en avant. On ne veut pas personnaliser le projet. Ce qui est souvent le cas dans la pop. Sans se cacher, on veut que ça soit neutre dans la façon de nous présenter. Nos visuels, on souhaite qu’ils soient assez fort, mais pas que ça soit matérialisé en notre personne forcément.
Ep « Echo » disponible en digital dès le 27 mai
En concert le 1er juin aux Bains (événement facebook).
Plus d’infos sur Apes & Horses.
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