Le chanteur Antoine a débuté en même temps que Johnny Hallyday et les deux furent même un temps présentés comme rivaux. Il témoigne. Propos recueillis par Serge kaganski.
La mort de Johnny, c’est d’abord une grande tristesse pour ses proches, et puis un grand vide dans le paysage français. On le voit bien avec les réactions des médias, des gens interviewés dans la rue. Moi-même, j’ai reçu des dizaines d’appels.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Johnny, c’est le premier en France, celui qui a amené le rock et qui m’a donné le goût de cette musique. Je me souviens de sa photo pour L’Idole des jeunes, il pointait le doigt vers nous comme pour nous dire : “Hey, les jeunes, à vous de vous bouger.” Plus tard, j’ai découvert d’autres chanteurs, je suis passé à Dylan, aux Stones, mais Johnny a été le premier.
Dans Les Elucubrations, (premier succès d’Antoine – ndlr) quand je disais qu’il fallait le mettre en cage à Médrano, c’était plutôt un compliment qu’une critique. Son entourage l’a incité à mal le prendre et à répondre avec la chanson Cheveux longs, idées courtes, mais notre relation était plus subtile que ça.
“Cheveux longs et idées courtes”
On ne se voyait pas souvent mais j’ai eu des rapports amicaux avec lui. Je l’ai accompagné à la guitare lors d’un concert au début des années soixante-dix. Un jour, il portait une chemise à fleurs et il m’a dit, “Tu vois, j’aime bien ta chanson, la preuve, regarde ma chemise”.
Réunis par les opticiens
Des années après, il m’a demandé conseil pour acheter un bateau, je lui ai conseillé divers voiliers mais il a fini par acheter un gros yacht à moteur. Peut-être que s’il avait fait les mêmes choix que moi, partir vivre sur un bateau et dans les mers du sud, il aurait eu une vie plus saine, plus tranquille, moins stressante. Mais en même temps, sa longévité est marquante. J’admire les gens comme lui, Cabrel, Souchon, qui ont tenu dans ce métier pendant des années. Moi, j’ai fait un autre choix mais je ne l’ai jamais regretté.
Ce qui est marrant, c’est que Johnny et moi avons aussi été réunis par les opticiens, lui Optic 2000, moi Atoll. Il est parti, mais les lumières qu’il a allumées ne s’éteindront jamais.
Recueilli par Serge Kaganski
{"type":"Banniere-Basse"}