sst/Danceteria Avoir le privilège de naître sur un sol foulé par d’aussi illustres godillots que ceux de Jimi fais voir ta gratte, faut qu’j’allume mon cône Hendrix et des aïeuls du punk, les Sonics, engendre obligatoirement quelques obligations. Entre la morne moiteur des chantiers navals et les âcres déjections des usines, faire du rock à […]
sst/Danceteria
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Avoir le privilège de naître sur un sol foulé par d’aussi illustres godillots que ceux de Jimi fais voir ta gratte, faut qu’j’allume mon cône Hendrix et des aïeuls du punk, les Sonics, engendre obligatoirement quelques obligations. Entre la morne moiteur des chantiers navals et les âcres déjections des usines, faire du rock à Seattle équivaut à entrer de plain-pied dans une poudrière, pour n’en ressortir qu’une fois gavé de l’intensité légendaire de l’endroit. Patrie des ennemis du silence, dont le taux de décibels n’a d’égal, en densité, que l’abondante et dégoulinante chevelure de ses citoyens, cette cité électrique n’a pas sa pareille pour mettre bas de grouillantes portées de braillards que l’on parque, par commodité, sous l’incendiaire bannière du hardcore. Autant dire qu’un tel environnement a de quoi sabrer tout net les ardeurs romantiques du plus persévérant Roméo. Ici, Juliette a le poil rigide et les guiboles dans le mazout. De cette scène incandescente et débraillée, les Screaming Trees ont su tirer lœurgence primitive, sans pour autant se laisser enfermer dans le seul vacarme pataud. D’ailleurs, le vieux Sony ne s’y est pas trompé, qui les a signés sur sa multinationale tentaculaire pour un album ? Uncle anesthesia ? paru depuis peu. Auparavant, ils ont gravé cinq lp s et quelques ep s dont cette compilation aspire à livrer un juste reflet. Pour les novices, ce parcours fléché aura des allures de chemin de croix, tant ces vingt et un titres ont du mal à franchir d’un bloc le gosier sans provoquer de haut-le-cœur. Pourtant, si l’on gratte un peu le vernis, on découvre, sous le fracas des guitares héritées des légendes sus-nommées, la voix de Mark Lanegan
? dont l’éblouissant album solo The Winding sheet est toujours disponible. Un hybride inespéré de Jeffrey Lee Pierce, Nick Cave et Chris Bailey, qui se débat comme un Scott Walker englué dans une marée noire, à qui on aurait sucré les violons pour les remplacer par des tronçonneuses. Ce type est si près de la vérité qu’elle pourrait presque lui lécher l’âme. Voilà en tout cas qui nous change des crétins pouilleux de l’ordinaire du hardcore.
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