120 ans après la parution de l?Anna Karénine de Tolstoï, un éditeur moscovite le jugeant poussiéreux lance une version BD du roman mythique. Au programme : sexe, coke et sushi sur fond de mafia russe.
Anna Karénine, le roman le plus achevé de Léon Tolstoï, serait trop long, trop daté, en bref pas adapté aux goûts du lecteur contemporain. D’où l’idée de transformer le pavé en une Bd de 80 pages, et de transposer l’histoire dans la Russie des années 90.
Résultat : Anna et son amant Vronski ne se rencontrent plus dans des bals ou des salons, mais dans des bars à sushis et des clubs, où la coke se coupe avec des cartes de crédit ; la douce Anna a désormais les traits de Lara Croft, et son amant sublime, ceux de John Travolta.. Ici, le lent dépérissement de l’amour d’Anna et de Vronski, aboutissant au suicide de l’héroïne, est transformé en descente aux Enfers psychotropes : Anna finira en junkie, c’est tellement plus hype.
Inutile de dire que ce livre a provoqué un tollé en Russie : les universitaires et les critiques ont déploré l’interprétation très large du roman, et se sont montrés plus que circonspects en voyant la réduction de longs et subtils dialogues de Tolstoï en bulles. Le dernier descendant de Tolstoï s’est contenté de déclarer sobrement: « J’espère que nos enfants n’étudieront pas la littérature en se basant sur ce genre d’ouvrages« .
L’auteur de la BD, Katya Metelitsa, soutient qu’elle a été inspirée par son admiration pour le roman : « Les Russes ne sont tout simplement pas habitués au genre du cartoon. La plupart des mots proviennent directement du bouquin. Je pense que Tolstoï aurait apprécié« . Dommage qu’il sot mort il a si longtemps: on aurait franchement aimé avoir son avis.
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