Comme un secret murmuré à l’oreille, le Californien, chanteur et compositeur pop folk, livre un troisième album intime et pénétrant sur l’éloignement amoureux.
Angelo de Augustine n’avait pas 23 ans quand il a perdu sa voix. Après la sortie en 2014 de Spirals of Silence, son premier album, il part sur la route le temps d’une tournée interminable au cours de laquelle il attrape la coqueluche. Dans une interview accordée au blog londonien For the Rabbits il y a deux ans, le Californien se remémore la dernière date, à San Francisco, dans une salle pleine à craquer : “J’ai dû quitter la scène après avoir interprété difficilement trois chansons. Je n’ai pas pu chanter normalement pendant huit mois après ça.”
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« Aussi apaisant qu’un ronronnement de chat »
Quelques années plus tard, en 2017, il sort Swim Inside the Moon, son deuxième album. Le disque est enregistré dans une baignoire, sur un 4-pistes à cassette de 1970, chez lui à Thousand Oaks, en Californie. Le genre de démarche lo-fi s’inscrivant dans le sillage des œuvres les plus low budget de l’histoire de l’indie-folk et du blues minimaliste américain late 80’s (Daniel Johnston) et 90’s (Beck, Elliott Smith). Le grain est chaud, le souffle du micro aussi apaisant qu’un ronronnement de chat, les mélodies sublimes (il faut réécouter Crazy, Stoned, and Gone). Repéré par ce génie de Sufjan Stevens, il rejoint à l’époque l’écurie Asthmatic Kitty Records (le label de Sufjan) et enchaîne les premières parties prestigieuses (Moses Sumney, les Barr Brothers, Sufjan Stevens).
Un album personnel
A l’automne dernier, il dévoile Time, le premier extrait de son troisième album, le premier à être enregistré en studio. Tomb est annoncé par l’intermédiaire d’une vidéo tournée aux Reservoir Studios, à Manhattan, aux côtés de Sufjan Stevens au piano, et préfigure le ton d’un album résolument tourné vers l’intime, puisqu’il s’agit ici d’exprimer la douleur de la séparation, les atermoiements amoureux et les fossés qui se creusent inexorablement entre les gens (You Needed Love, I Needed You).
L’exercice de style se transforme alors en exercice de genre : celui du disque de rupture. Angelo aurait pu avoir la voix pleine de morgue comme Dylan sur Idiot Wind, elle se veut au contraire ici plus douce et apaisée que jamais. Comme une manière de conjurer le sort.
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