Angèle livre un premier album où finesse mélodique et simplicité des textes renouent avec l’ambition de la chanson populaire : ne plus quitter votre cerveau.
Lorsque l’on rencontre Angèle mi-septembre, son premier album n’est pas encore sorti et elle vient à peine de teaser les premières images du clip de son quatrième single, Jalousie. L’artiste belge de 22 ans s’apprête pourtant, une heure plus tard, à faire face à une foule de jeunes Lillois débordant des trottoirs. On la sent alors stressée, un peu dépassée même par l’attente suscitée. “Je n’ai pas peur de cet attachement mais de la déception, lâche-t-elle avec le ton de ceux qui savent. J’aime être irréprochable, donc l’échec est forcément quelque chose qui me terrifie. C’est sans doute pour ça que je suis tout le temps en train de ralentir ce qui m’arrive. Je me mets tellement en scène et parle tellement de ma vie que si ça ne marche pas, c’est toute ma personnalité qui peut être atteinte.”
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A l’écoute des dix chansons réunies sur Brol, impossible en effet de ne pas déceler ce qui obsède Angèle ces derniers mois : l’éloignement des siens, le rapport aux réseaux sociaux, la quête de crédibilité ou encore les histoires d’amour, qu’elle chante systématiquement de cette voix qui transpire la fragilité. La mélancolie aussi. “J’ai une vie hyper joyeuse, mais parler de tout ce bonheur dans mes morceaux serait étrange, confie-t-elle, un peu gênée. D’autant que la mélancolie et la nostalgie sont deux émotions qui me touchent beaucoup. Et puis il faut être honnête : je n’arrive pas à parler d’amour heureux, ça sonne toujours faux.”
Envisager la chanson quand elle était plus populaire
L’ambition de Brol est de toute façon ailleurs que dans ses textes, qu’Angèle considère volontiers comme légers et un rien naïfs. Elle est dans cette volonté de ressusciter une façon révolue d’envisager la chanson, quand elle était plus populaire, d’une simplicité désarmante et obnubilée par l’universalité d’un refrain. Certains, par principe, parce qu’elle assimile le jetable et l’immédiate efficacité, avanceront que cette musique n’a rien de révolutionnaire. Mais était-ce vraiment l’intention ? Et a-t-on vraiment besoin de ça quand on sait que la pop recycle les mêmes thèmes depuis des décennies avec la réussite qu’on lui connaît ?
Ces réserves, Angèle est la première à les émettre. Probablement sous l’emprise de cette foutue peur de l’échec, elle peste que ses chansons risquent de mal traverser le temps. C’est sous-estimer un peu vite le charme de ses pop songs qui revendiquent le droit à la flemme, documentent l’intimité, poétisent les sentiments amoureux, entament des rondes avec le frangin Roméo Elvis (Tout oublier) et font danser avec volupté la mélancolie.
On s’émerveille donc de mélodies attrape-cœurs telles que Les Matins ou Ta reine qui, loin du glamour un peu fake que pourrait laisser supposer sa suractivité sur le web, ajoutent à la joie de fredonner. Angèle, elle, s’en réjouit, c’était son intention. Mais n’en reste pas moins inquiète qu’on lui “parle déjà du second album”.
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