En ascension constante ces dernières années, le Mancunien a peut-être trouvé l’équilibre ultime.
La trajectoire d’Andy Stott est d’une constance à forcer le respect. Peintre en carrosserie chez Mercedes il y a encore dix ans, il est devenu l’un des producteurs les plus fiables de la techno et de la UK bass, avant de se réinventer dans un néo trip-hop sexy et chargé, entre culture underground et mainstream. Sa position hybride se confirme avec un quatrième album sur lequel convergent parmi les courants les plus attirants de l’electro contemporaine. D’un côté, Andy Stott y synthétise les beats rutilants du grime, les grooves décomposés d’Actress ou Pearson Sound, et s’approprie les fresques futuristes d’OPN.
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Mais de l’autre, c’est au r’n’b, ce catalyseur tout-puissant de la scène indépendante, qu’il emprunte, et il en tire un érotisme digital qui enrobe tout l’album. Arrangements scintillants, boucles vocales screwées et débordements cheesy sont clairement mis en avant, mais jamais Too Many Voices ne racole. Même ses tentatives les plus pop, New Romantic, Butterflies ou Forgotten, sont des affaires ambiguës faites de touches vocales féminines et de surfaces moites. On décèle d’ailleurs un désir à peine voilé de toucher un plus large public, alors même qu’Andy Stott name-droppe de nouvelles inspirations très arty (Dead Can Dance, David Sylvian…).
On entend pourtant le disque d’un artiste prêt à débouler dans la cour de FKA Twigs ou Jamie xx pour y faire vibrer ses claps lourds et ses cadences sexuelles. D’autant que l’artiste mancunien est déjà sorti de la sphère clubbing, et que ses live ont enfin l’honneur de scènes plus larges où il restitue ce jeu très suave de chaud/froid qui marque tous ses tracks. Mais qu’importe le succès populaire : Too Many Voices effectue un crossover élégant et naturel, celui dont on a besoin en 2016.
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