L’auteur-compositeur américain revient aux affaires avec un nouvel album, Noble beast, qui renoue avec l’écriture aérienne de ses débuts. Rencontre avec l’oiseau rare à Amsterdam.
La tête couverte d’un bonnet, Andrew Bird, de passage à Amsterdam pour un concert, reçoit dans l’immense pièce glaciale qui lui sert de loge. Dans quelques heures, l’Américain, muni de son attirail d’homme-orchestre (violon, guitare, xylophone et boucles), va fouler les planches de De Duif – une salle pas tout à fait comme les autres, puisqu’il s’agit d’une église aux dimensions imposantes et à l’acoustique hors norme. Un cadre inhabituel qui, de toute évidence, séduit Bird, ravi à l’idée d’échapper à la routine du circuit rock. « J’arrive tout juste de Londres, où j’ai aussi joué deux soirs dans une église, dit-il. L’expérience a été intense, tant sur le plan du rendu sonore et de l’exécution que de l’écoute. J’ai besoin de ce genre de défis pour me sentir pleinement engagé dans l’acte musical. »
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Ces dernières années, on avait croisé brièvement Andrew Bird ici et là, dans les coulisses de festivals et de concerts calés au milieu d’interminables tournées. Visiblement atteint par ces cadences infernales, il avait l’air ailleurs, le regard embrumé par la fatigue. Mais en cette après-midi de novembre, on le retrouve tel qu’il était en 2004, quand il avait débarqué auréolé d’un chef-d’œuvre de songwriting, le toujours inépuisable Weather Systems. Réservé mais attentif, pesant chaque mot et chaque silence, il s’exprime à nouveau avec cette intensité d’expression et ce souci de justesse qui caractérisent aussi sa musique. Un peu émoussé dans son précédent album Armchair Apocrypha, dont le son musclé ne masquait pas des carences d’écriture, Bird a repris du poil de la bête.
Dans Noble Beast, son dernier-né, il a récupéré cette foulée légère, ce geste gracieux et cette voix ailée qui avaient accompagné ses premiers pas en solo. Un regain de forme dont lui-même avoue être quelque peu surpris. « En mars 2008, j’ai terminé ma tournée sur les rotules et j’avais prévu de m’offrir un break, raconte-t-il. Mais ma tête fourmillait d’idées auxquelles j’étais impatient de me frotter. Je pensais louer une cabane dans les Rocheuses, puis enregistrer à la coule en faisant pour la première fois appel à un producteur. Mais ça n’a pas du tout été dans ce sens. Les gars de Wilco m’ont prêté leur loft de Chicago. Là, j’ai enregistré les bases de nouveaux morceaux avec une frénésie incroyable. J’en suis sorti dans un état second, comme un type qui serait parti se cuiter pendant une semaine et ne se souviendrait plus trop de ce qu’il a fait. »
L’ivresse dans laquelle Bird a baigné n’a pourtant pas affecté sa clairvoyance. Décapées de tout enrobage inutile, laissant souvent la part belle à l’acoustique (guitare, violon, piano…), ses nouvelles chansons renouent avec les lignes mélodiques pures et les textures instrumentales nuageuses de Weather Systems. Comme à l’époque de son premier album, l’Américain a d’ailleurs souhaité finaliser Noble Beast à Nashville, avec la complicité du génial Mark Nevers – le chef-opérateur attitré de Lambchop, équipé de l’une des plus belles paires d’oreilles de l’Ouest.
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