Désormais quadragénaire, mari et père, l’Américain s’exprime sans fard sur son nouvel album.
Si la question du titre de ce nouvel album, Are You Serious, s’adresse à lui-même, alors la réponse est oui. Andrew Bird a un côté sérieux dès les premières lignes de son CV : il commence la musique à l’âge de 4 ans, devient un virtuose du violon et peaufine ses compositions avec un certain perfectionnisme. Il s’intéresse autant au folk ancestral qu’au blues et au jazz.
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“Je n’aimais pas trop le côté répétitif de la pop quand j’étais petit, se souvient-il. J’avais environ 18 ans quand j’ai écrit ma première chanson, une sorte de valse folk toute simple. Le format court m’a toujours plu, mais j’ai tendance à aimer le mouvement. Je dois me forcer à me répéter, par exemple pour placer un refrain.”
Devant l’ampleur de sa carrière, avec le groupe Bowl Of Fire (entre 1998 et 2002) ou en solo, difficile de tenir les comptes sur le nombre de disques qu’il a sortis – une bonne dizaine, sans compter les albums live et les collaborations parallèles. Sa dextérité s’est toujours accompagnée d’idées fantasques qui le propulsent vers une légèreté salvatrice. Conformément à son nom de famille, ses sifflotements inouïs tiennent le rôle d’un instrument de musique à part entière dans son répertoire. Il a d’ailleurs composé pour les Muppets un morceau entièrement sifflé, The Whistling Caruso, aussi drôle qu’époustouflant. “Are you serious?”, c’est aussi la phrase incrédule que l’on prononce quand quelqu’un vient de lancer une blague.
Quand Andrew Bird enregistre ce nouvel album, sa vie a un peu changé depuis le précédent, le ravissant Break It Yourself, sorti en 2012. Il a passé la barre des 40 ans. Il est désormais marié et père d’un petit garçon de 4 ans. Son épouse a eu un cancer dont elle s’est remise depuis. Au lieu de traiter ces sujets par le biais de métaphores, comme il l’aurait fait il y a quelques années, il signe cette fois des paroles plus directes, sans avoir peur de se mettre à nu.
Son album le plus personnel
C’est sans aucun doute son album le plus personnel à ce jour. Ses chansons semblent plus accessibles, dès l’ouverture magistrale, Capsized, teintée de groove souple et de ferveur gospel. Sans circonvolutions, il mélange soul et country, arrangements de cordes et mélodies limpides, peut-être dus au soleil californien.
“Idéalement, je voulais réunir de grands songwriters pour que l’on unisse nos forces. J’habite aujourd’hui à L. A., la ville de Randy Newman et d’Aimee Mann… Ça ne s’est pas fait, mais l’idée de sortir de mon état introspectif est restée.”
S’il n’a pas (encore) collaboré avec ces deux légendes vivantes, il a tout de même réussi à sortir de son silence la très rare Fiona Apple pour un duo sublime, Left Handed Kisses, l’un des sommets de l’album. On a l’immense joie d’entendre à nouveau le timbre incomparable de cette chanteuse torturée, en duel complice avec Andrew Bird. Leurs accords et désaccords rendent les caprices de l’amour charmants.
Concert le 9 mai à Paris (Trianon)
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