C’est le grand ménage dans le folk cosmique de Tunng, avec un troisième album plus dense, mais aussi plus pop.
On a toujours imaginé Tunng comme un arbre. Un feuillu étrange, mi-végétal, mi-sac à puces électroniques, un vrai persistant : son folktronica passionnant, la gymnastique chlorophylle de ses mélodies d’obédience british folk, les pousses électroniques et excroissances structurelles de ses deux premiers albums ont résisté à toutes les saisons.
Tunng, un arbre, donc. Mais dont on a coupé après Good Arrows (2007) l’une des racines : initialement conçu comme un projet de studio entre Sam Genders et Mike Lindsay, auxquels se sont greffées, pour affronter la scène, quelques pousses musiciennes pleines d’idées, Tunng a perdu l’un de ses leaders.
Genders est parti, mais l’arbre n’a pas dépéri. Bien au contraire : ses ramifications en ont profité pour se multiplier, en jungle épatante. Car le départ de Genders a accéléré un processus déjà entamé avec Good Arrows : la démocratisation du groupe. …And Then We Saw Land est ainsi une première pour la troupe, une oeuvre véritablement collective. Et avec la collectivisation des idées, les mutations entamées avec Good Arrows se sont accélérées.
On pourra regretter la normalisation progressive de la musique des Londoniens, dont les zigouigouis électroniques et altérations génétiques sont certes encore présents, base ADN oblige, mais de plus en plus discrets. On pourra aussi comprendre que le groupe fonctionne à l’envers et qu’il a, à la suite du petit tube Bullets, expérimenté à sa façon en essayant de faire un album de pop plus rondelette, d’écrire de grandes chansons à chanter en choeurs béats.
A ce titre, l’exercice est une réussite. Totale. De l’ouverture Hustle à The Roadside, de la douce With Whiskey à la progressive By Dusk They Were in the City, de Santiago à la joueuse Sashimi, …And Then We Saw Land est une collection de grandes chansons et de petits classiques brillants.