Depuis que Thela, son séminal combo de post-rock, a été produit par un des Sonic Youth, le guitariste néo-zélandais Dean Roberts a beaucoup évolué, notamment grâce aux improvisateurs dont il a pu s’attacher les services au cours de ses pérégrinations à travers le monde. C’est ainsi qu’on l’a successivement retrouvé à New York au cœur […]
Depuis que Thela, son séminal combo de post-rock, a été produit par un des Sonic Youth, le guitariste néo-zélandais Dean Roberts a beaucoup évolué, notamment grâce aux improvisateurs dont il a pu s’attacher les services au cours de ses pérégrinations à travers le monde. C’est ainsi qu’on l’a successivement retrouvé à New York au cœur de la scène downtown, à Bologne le temps du bel opus de folk Be Mine Tonight, et à Vienne qu’il vient de quitter après s’être essayé au minimalisme « réductionniste ».
And The Black Moths Play the Grand Cinema, réédition d’un album enregistré en 1999 pour le compte d’une obscure officine, tombe à pic pour faire découvrir au plus grand nombre Dean Roberts, dont la guitare oscille constamment entre le jeu traditionnel d’un John Fahey et les expérimentations proches de l’électro-acoustique d’un Keith Rowe, tout en offrant un écrin à la mesure de sa voix fragile et touchante qui confine au murmure. En clair, l’amateur de pop ne sera pas dépaysé dans un contexte où l’influence des chansons de Brian Eno et du Laughing Stock de Talk Talk est revendiquée.
Avec ces derniers, Dean Roberts partage d’ailleurs un certain goût pour les longues plages aérées, sauf que les siennes sont parcourues de craquements que ne renieraient pas les plus doués des trublions de l’electronica. Des textures progressivement bruissantes, où se mêlent donc guitare et computers, mais aussi violoncelle, basse et percussions, se déploient dans un espace mouvant, sans rechigner à la répétition de petites ritournelles entêtantes qu’on croirait enregistrées dans un loft abandonné, au centre d’un no man’s land brumeux.