America’s Sweetheart

Première usurpation, Courtney a revêtu un costume d’ange sur la pochette. Icône certes sexy, mais sans aucun rapport avec le diablotin qui s’acharne à vulgairement s’autosaboter. Qu’a donc avalé, fumé ou mâché Courtney Love pour servir ce râle caverneux et surtout tragiquement comique ? Egérie grunge, passée à la postérité pour ses amours vaches avec Kurt Cobain, elle restera à jamais une bombe (sexuelle), en constante explosion. Sa gloire est d’avoir rendu jalouses, ou, au choix, mis dans sa poche, nombre de craquettes accros à l’image de ce rock sexy et déjanté, comme Nancy ou Nico avant elle. Autodestructrice et pourtant ambitieuse, elle a monté Hole en se donnant l’image de la poule de luxe du grunge. Efficace, opportune, elle composa alors quelques merveilles, Miss World, Doll Parts, Malibu ou Celebrity Skin.

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Mais à 40 ans, en pleine panade judiciaire et en guerre froide avec les survivants de Nirvana, elle s’est jetée sans hésiter dans la vague néopunk ? et s’est pris les pieds dans le fil qui la reliait à la table d’écoute. Elle s’acharne à beugler des « Hey » et des « Shut up » à tire-larigot, sans faire plus urgent ou vital que cinq gosses de 15 ans imitant Blink-182 dans un garage. Pourtant, ses références ? des Strokes (But Julian, I’m a Little Bit Older Than You) aux éternels gratteux jouant Led Zep les yeux perdus dans le vague (Zeplin Song) ? ne manquaient pas d’ironie. Sans doute, faire appel à Linda Perry (ex-4 Non Blondes et créatrice de tubes sirupeux pour Aguilera ou Pink) ressemblait déjà à une démission. Guitares en forme de brouhaha, rythmes prévisibles, son punk, bizarrement, a fondamentalement besoin d’ordre.