Ego sans trique. Pourquoi kd Lang sort-elle des albums beaucoup moins passionnants que son imposante personnalité ? On n’a jamais trouvé d’équivalent féminin au mot crooner. Cette étiquette jaunissante désigne pour toujours les pots de miel que remplissaient industriellement, jusqu’à l’écœurement, les Sinatra, Nat King Cole, Bing Crosby et Sammy Davis Jr. Les crooners forment […]
Ego sans trique. Pourquoi kd Lang sort-elle des albums beaucoup moins passionnants que son imposante personnalité ?
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On n’a jamais trouvé d’équivalent féminin au mot crooner. Cette étiquette jaunissante désigne pour toujours les pots de miel que remplissaient industriellement, jusqu’à l’écœurement, les Sinatra, Nat King Cole, Bing Crosby et Sammy Davis Jr. Les crooners forment une caste à part dans la société du spectacle, règnent sur de petits royaumes en sucre peuplés de ménagères préoccupées par leurs cernes et leurs vergetures que ces hidalgos à voix veloutée, au volant de leurs automobiles décapotables, semblent vouloir soustraire à la triviale poursuite des tâches quotidiennes. Le prolongement de cette mythologie bénigne et anesthésiante du prince charmant rendait cette dynastie nécessairement et exclusivement masculine. Jusqu’à l’arrivée de kd Lang, Canadienne à l’ego assez solide pour assumer en public son homosexualité, à la personnalité brillante, à la voix limpide et minérale. Depuis Shadowland et surtout Ingenue, cette voix charrie son écume de séduction sur des terrains approximatifs, pour ne pas dire assez ordinaires : country diététique, swing allégé, pop lyophilisée. Une basse ronde et noire, des arrangements fournis comme on dit d’une toison pubienne , des allusions au sexe (Sexuality, Get some, Acquiesce) plus directes qu’auparavant, auraient pu faire de All you can eat le grand œuvre de cette chanteuse de charme en cache-poussière. Ne manque qu’une élémentaire petite touche de kitsch pour relever le goût. Mais plus encore, ce disque manque de chansons mémorables. Les possibilités vocales sont à ce point établies (la bougresse a quand même remporté trois Awards) que l’on souffre de ne pouvoir y associer le souvenir d’une chanson, l’écho d’un couplet inoubliable. A ce jour, hormis la formidable exception de Pulling back the reins (de l’album Even cowgirls get the blues), son tableau de chasse reste vierge. Et quelle utilité peut avoir un ego de fer, si la Lang reste de bois ?
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