Rares en concert, les Daft Punk sortent un live époustouflant, enregistré sur leurs terres parisiennes. Un témoin de la cohérence de leur œuvre à découvrir en vidéo et en écoute.
A Bercy, le 14 juin 2007. Daft Punk donne son deuxième concert à Paris en dix ans. Les mains sont moites, les leurs, les nôtres. Les Klaxons viennent de finir leur concert d’ouverture. Sebastian et Kavinsky aux platines essaient de faire patienter. Les SMS partent : “Chuis à DAFT PUNK, c’est trop bon.” Extinction des lumières, suivie d’une gigantesque pyramide lumineuse. Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo y pénètrent, casqués, en combinaisons de cuir. “Human, robot, human, robot” : c’est Robot Rock, peut-être leur morceau le plus contesté, qui ouvre le show, mélangé avec les râles synthétiques de Human After All. Bim, bam, bim, bam. Des stroboscopes rebondissent sur la musique, la pyramide passe par toutes les couleurs de la création.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Le concert va durer un peu moins de deux heures, on va passer en revue les trois albums du groupe, prendre de la lumière de partout, voir défiler des centaines d’images, de slogans, et l’ensemble restera très certainement comme l’un des plus beaux moments de l’année. Ce soir-là, à Paris, Daft Punk a atteint une sorte de perfection et réussi à transformer l’endroit très vilain qu’est le palais omnisport de Bercy en un immense havre de bonheur. Si les Daft Punk ne s’étaient pas arrêtés de jouer, concluant leur performance par un rappel d’une rare beauté, on aurait pu planter la tente et rester là jusqu’à la fin de nos jours.
Alive 2007, le live tiré de cette soirée, est le témoin de tout cela. Evidemment, ce n’est qu’un disque, et hormis un court clip réalisé par Olivier Gondry (que lesinrocks.com vous propose également en vidéo) et une vingtaine de photos dispatchées dans la pochette, vous n’aurez qu’un aperçu sonore de cette expérience de juin. Mais c’est déjà beaucoup. Car flotte tout au long du disque cette sensation de plénitude. Les morceaux tirés des trois albums sortis par le groupe (Homework en 1997, Discovery en 2001 et Human After All en 2005) s’enchaînent ici et maintenant, en 2007, avec une incroyable cohérence. Les beats et les mélodies se superposent comme à la parade, les slogans s’enchaînent avec une logique implacable, puis se contredisent avec une vraie perversité.
Alive 2007, c’est en effet l’occasion, pour ceux qui ne l’auraient pas encore eue (ils n’ont pas dû faire beaucoup d’efforts), de comprendre comment le groupe parisien, depuis plus de dix ans, est parvenu à construire autour de lui un véritable environnement, renforcé au fur et à mesure de ses expériences – qu’il s’agisse de ses albums, de ses clips ou de ses films. Un environnement, et c’est peut-être là la plus grande réussite de Daft Punk, qui a toujours refusé ces démarches branchouillées qui n’agglomèrent autour d’elles que de rares initiés au petit sourire satisfait. Le bon goût de Daft Punk, c’est au contraire de devenir la bande-son d’un après-midi aux autotamponneuses de la foire du Trône, d’être le socle d’un titre de Kanye West, et de faire kiffer le jeune mec de Tokyo un peu dans le coup.
Il fallait voir Bercy danser comme un seul homme ce soir-là pour se rendre compte de ça. Pour se rendre compte aussi qu’au beau milieu d’une année 2007 où la musique électronique a repris le dessus de belle façon, Daft Punk est revenu s’imposer, taille patron, au centre d’une jeune scène que le groupe a presque inventée de toutes pièces en 2005, à l’occasion de la sortie de Human After All. Le gros son compressé, les lignes mélodiques froides et minimales, la scie et la turbine, c’est Daft Punk qui les ressort à l’époque, et qui, comme à chacun de ses disques, ouvre ainsi une brèche à toute une génération de musiciens. Sans pour autant revendiquer, beau joueur, le moindre cousinage ou la plus petite paternité.
{"type":"Banniere-Basse"}