Sentimentaux, ils ne se résolvent jamais à rien jeter. Scotchés à leurs souvenirs, ils truffent des cahiers pansus de photos prises au Polaroïd. Lumière chiche, reliefs flous. En dix ans, neuf albums et quelques centaines de fragments de chansons, les Guided By Voices ont capturé pour la postérité leurs plus chouettes séances de rigolade. Franc […]
Sentimentaux, ils ne se résolvent jamais à rien jeter. Scotchés à leurs souvenirs, ils truffent des cahiers pansus de photos prises au Polaroïd. Lumière chiche, reliefs flous. En dix ans, neuf albums et quelques centaines de fragments de chansons, les Guided By Voices ont capturé pour la postérité leurs plus chouettes séances de rigolade. Franc succès auprès de tout ce que l’Amérique compte de baby-boomers encore dans le coup, ravis de se reconnaître dans le miroir à peine déformant (l’effet low-fi, désormais sur toutes les lèvres) que leur tendent Robert Pollard (chanteur et parolier sévèrement allumé), Jim Greer (bassiste, journaliste de Spin et petit ami de Kim Deal) et leur sympathique bande de traîne-savates prolifiques. Sur Alien lanes, les Guided By Voices se griment en Beatles à la bonne franquette (Game of pricks), le Pink Floyd d’Ummaguma joue à cache-cache avec Wire, Pollard fait magistralement son Michael Stipe (Blimps go 90). Vingt-huit titres compressés en quarante minutes et la sensation d’entendre plusieurs stations de radio se disputer à la médiévale une même longueur d’onde. Dans cet Azincourt musical, les velléités mélodiques se font allègrement décapiter, tandis que quelques chansons cavalières s’en sortent avec de simples estafilades. On annonce déjà pour l’automne prochain le premier disque studio des Guided By Voices, cornaqués pour l’occasion par Steve Albini.
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