Ces jours-ci Albin de La Simone est discrètement partout. Là, derrière Alain Chamfort, à faire rugir Le Plaisir de ses synthés futés et de ses orgues orgasmiques. Ici, en solitaire, grimé en espèce de Pierrot forcément lunaire, en devanture d’un premier album féroce et ludique qui nous change des recueils dépressifs (“Mon week-end sous Temesta“) […]
Ces jours-ci Albin de La Simone est discrètement partout. Là, derrière Alain Chamfort, à faire rugir Le Plaisir de ses synthés futés et de ses orgues orgasmiques. Ici, en solitaire, grimé en espèce de Pierrot forcément lunaire, en devanture d’un premier album féroce et ludique qui nous change des recueils dépressifs (« Mon week-end sous Temesta« ) ou des croquis réalistes (« Mon week-end chez tes parents« ) qui constituent l’ordinaire ronflant de la Nouvelle Chanson Française de Qualité.
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Ce garçon s’est forgé sur le tas, en passant par la soupape libératrice du jazz, et c’est l’une des raisons pour lesquelles sa musique paraît à ce point dépourvue de clichés, semblant n’obéir qu’à des instincts, en oubliant soigneusement de « faire » rock, réaliste, minimaliste, néo-plouc ou faux populo. D’ailleurs, les chansons d’Albin oublient tout (surtout d’être bêtes) pour dessiner sans lever l’encre des formes rapides et inouïes, inclassables car bien trop dérangées, qui feignent la naïveté pour mieux révéler à la longue leur solide érudition. Il y aurait bien un poil de moustache de Louis Chédid dans la voix (Avant tout, I Want You), quelque chose d’Annegarn dans la diction qui traînaille légèrement, une louche à peine de Souchon (en parrain cool sur le duo Patricia), trois fois rien d’un Pierre Barouh pour ces paradoxales mélodies exotiques à peau blanche, et un seul (re)père dûment signalé : Pierre Vassiliu, dont il reprend en fin d’album le sublime (pesons nos mots) et méconnu Amour, amitié.
Ses chansons à tiroirs regorgent de trouvailles acrobatiques, agissent comme des pince-oreilles, l’inspiration jaillissant de la boîte crânienne de ce farceur avec l’agilité d’un diablotin décidé à vous chatouiller les sens (voire le non-sens) dans tous les sens. Plus désarçonnants encore sont les textes, qui dérapent doucement du surréalisme plus ou moins badigeonné de noir (Queneau ? Cronenberg ?) pour tomber dans l’étrange, l’inattendu, le jamais entendu. Par cet équilibre parfaitement trouvé entre la fraîcheur parfois insolente des musiques, leur manière d’envelopper les mots comme du papier bonbon, et ce propos souvent à la lisière du gore, Albin de La Simone se place délibérément hors de toutes les castes de la chanson et du rock français. Mutant et mutin.
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