De Bordeaux, les plus réjouissantes nouvelles de la pop chorale française. Critique et écoute.
La scène girondine ne cesse d’alimenter nos oreilles et platines ces temps-ci : Bengale, JC Satan, Dorian And The Dawn Riders, Pendentif, Perez… A cette belle liste, il faut ajouter le nom d’Alba Lua, soit “la lune de l’aube”, aperçu en première partie des concerts parisiens de Noah And The Whale et de Richard Hawley, et qui publie ce printemps un premier album charpenté pour squatter les palmarès de 2013.
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Le disque des Bordelais s’ouvre sur Hermanos de la lluvia, un titre à vapeur qui semble échappé d’un recueil secret de Beach House. Enregistré et produit dans les studios de Joakim, le disque tout entier est d’ailleurs une déclaration d’amour à l’indie-pop américaine, et on ne s’étonnera pas d’apprendre que les quatre trublions ont, outre-Atlantique, déjà séduit les arbitres du genre : ils ont été programmés à South By Southwest et sont les chouchous de Stereogum ou Pitchfork, qui voient en eux de sérieux concurrents français pour Girls Names ou Real Estate.
A nos oreilles, c’est comme des correspondants des jeunes Californiens de Cayucas que les Bordelais apparaissent. A l’instar des Américains, les Français ont ainsi su profiter des embruns et du vent frais de la Côte Ouest pour oxygéner leur songwriting. Leurs pop-songs sont des cavalcades radieuses (Permanent Vacation), des hommages aux Beach Boys (les choeurs parfaits de When I’m Roaming Free), des comptines au titre mensonger (Barbarism), des feux de joie pour la plage.
Souvent, leur chanteur chante comme une chanteuse, voire comme plusieurs chanteuses à la fois, apportant grâce et fragilité à des mélodies pourtant impeccables, apprises chez Brian Wilson et les Byrds. Si la chose est à la mode depuis quelques saisons, elle témoigne chez Alba Lua d’un vrai savoir-faire et d’une précision de joaillier. Contrairement à trop de ses contemporains, le groupe joue la mélodie du bonheur dans la netteté et la minutie, évitant le côté foutraque et brouillon qui trop souvent accompagne les célébrations de joie. Ainsi, les Bordelais agencent une bande originale claire et savante pour la belle saison à venir. Plus de crise, plus de déprime ici : Inner Seasons promet d’ailleurs quatre étés par an.
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