Une rareté rééditée du titan de la musique africaine.
Pour brosser l’épopée Fela, il y a plusieurs options. 1. Faire un inventaire des sévices policiers infligés lors de ses multiples arrestations et de là, peindre le corps symbolique du plus supplicié des musiciens des temps modernes. 2. Décompter les jours qu’il passa en prison (environ deux ans) pour en faire un calendrier (façon Francis Bacon). 3. Relever dans le code civil nigérian les articles de lois qu’il a contribué à modifier suite aux différents procès qui lui furent intentés (dont le fameux “Fait de la reine” hérité de l’époque coloniale britannique). Reste que la meilleure méthode pour mesurer la totalité du titan africain consiste à écouter ses disques, puisque Fela a d’abord chanté une épopée dont lui-même était le héros. Daté de 1974, et réédité aujourd’hui, Alagbon Close fait ainsi le détail des conditions de détention que le roi de l’afrobeat a connues dans cette prison de Lagos où il occupait une cellule appelée Kalakuta, nom qu’il donnera par la suite à sa “République” dissidente. Cette forme d’autojournalisme libère chez lui une ironie qui n’est sans doute pas étrangère au fait qu’il s’en soit sorti vivant. Mais elle nourrit aussi une rage colossale que mastiquent compulsivement les vingt mandibules de cette monstrueuse machine à rythmes qu’était Africa 70, cornaquée par le batteur Tony Allen. En outre, de l’origine de cette “orgasmusik” aux rocambolesques péripéties vécues par son auteur, vous saurez tout dans le premier volume d’une triple anthologie qui, hormis une sélection de ses meilleurs titres, contient l’excellent film Teacher Don’t Teach Me Nonsense où l’on entend cet immortel qui avait tant enduré, mais aussi épousé ses vingt-sept danseuses d’un coup, dire comment il a mis “la mort dans sa poche”.
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Egalement disponible : l’album Anthology 1 (2 CD + DVD)
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