Compte-rendu du concert qu’a donné le géant de la soul, Al Green, au festival Jazz à Vienne le 7 juillet 2007.
Pour vraiment apprécier un concert d’Al Green, mieux vaut oublier pas mal de choses. D’abord, que la légende soul ne va rester sur scène qu’une grosse heure. Samedi dernier, à Vienne (Isère), les musiciens sont arrivés trois quarts d’heure avant de monter sur scène, alors que le bluesman Magic Slim terminait son concert ; Al Green est reparti sac à l’épaule et a sauté dans une voiture dont le moteur avait eu à peine le temps de refroidir, laissant l’orchestre terminer sans lui. Ensuite, que c’est un bon gros show à l’américaine, avec dents à la blancheur suspecte, lancer de roses rouge dans le public, bling-bling aux poignets et danseurs ridicules coiffés comme Snoop Dogg. Enfin, que la spontanéité n’a pas sa place ici, et que le révérend Green a dû sortir les mêmes vannes (pas très compréhensibles, d’ailleurs) au public du Grand Rex le surlendemain.
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Que reste-t-il, alors ? Des musiciens qui, malgré des allures de requins, évitent d’en faire trop (sauf dans l’insupportable succession de solos qui clôt le concert) et délivrent un groove irrésistible. Et puis, bien sûr, une présence et une voix. Toujours fringant à 61 ans, magnifique dans son smoking, Al Green a quand même la vieille classe et du charisme à revendre. Sa voix, elle, tient du miracle, surtout quand elle grimpe dans les aigus. Les versions de Let’s Stay Together et How Can You Mend a Broken Heart (des Bee Gees) sont magnifiques, et le mégamix soul (où il reprend des bouts de classiques des Four Tops, Sam Cooke ou Otis Redding) échappe au mauvais goût. Le premier morceau du concert, nettement plus récent, s’appelait I Can’t Stop : on espère bien.
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