Une folkeuse précieuse et toujours à (re)découvrir.
Elle dit ne pas trop s’intéresser à ce que les gens écrivent à son sujet, et heureusement pour nous, car Aimee Mann demeure scandaleusement mal connue en France. L’ancienne chanteuse du groupe de new-wave ’Til Tuesday a pourtant réussi aux Etats-Unis sa reconversion en solo.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Si son pic de popularité a été atteint lorsqu’elle a signé l’essentiel de la BO de Magnolia (Paul Thomas Anderson, 1999), elle a aussi su imposer à travers huit albums personnels son regard lucide et profond et son songwriting lumineux porté par une voix grave aux teintes délicates. Plus accidentellement, on l’a vue interpréter une des nihilistes du Big Lebowski des frères Coen – la malheureuse qui se retrouvait amputée (volontairement) d’un orteil –, et rien que cela devrait nous inciter au respect éternel.
A l’évidence, Aimee ne craint pas les marges. Mais Mental Illness, malgré son titre, n’a rien d’un manuel de déjante. C’est au contraire une exploration courageuse et volontiers sarcastique de la folie ordinaire, celle de ces gens que l’on peut croiser chaque jour sans soupçonner les labyrinthes d’enfer où leur âme s’est égarée. Comme cadre à cette peinture souvent triste, parfois caustique, il n’était guère besoin d’en faire trop, et Aimee l’a bien perçu.
Des accords simples de guitare acoustique, des tonalités majeures, des cordes automnales et quelques chœurs en soutien, bref un folk classique, mais exécuté avec finesse, permet à la voix – d’une justesse de ton, d’une économie d’effets parfaitement dosées – de se fondre pleinement dans un tout dépouillé et sophistiqué à la fois. Le glamour sans atours tapageurs, l’intelligence sans démonstration, les sentiments moins les épanchements… comment reprocher quoi que ce soit à Aimee Mann ? Ne reste plus qu’à le lui dire.
{"type":"Banniere-Basse"}