Après quatre ans de presque silence, le duo confirme son enracinement surréaliste, les doigts sur les synthés, les yeux perdus dans un monde imaginaire.
C’est le lot de nombreuses formations ayant composé au moins un tube inaugural : elles n’ont pas toujours la capacité de s’en démarquer. Il ne leur reste ainsi que deux possibilités : l’une serait de reproduire de façon presque industrielle la formule qui a fait leur succès, l’autre d’opérer une profonde refonte.
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À en croire Agar Agar, tout sauf intéressé par l’idée de n’être que le signataire de Prettiest Virgin, il existerait une troisième voie : assumer le morceau auquel on doit tout et poursuivre tranquillement ses petites expérimentations. Ainsi, plutôt que de se précipiter après The Dog and the Future (2018), le duo a préféré l’accalmie, être à l’écoute de ses envies.
Une démarche salutaire qui soulève tout de même des questions : n’est-ce pas un luxe de prendre son temps au sein d’une époque montée sur ressorts ? A-t-on jamais pleinement conscience de ce que l’on est ? D’où vient ce besoin de digérer les choses pour mieux les reformuler artistiquement ? Autant d’interrogations qui ne font pas vaciller Clara Cappagli et Armand Bultheel.
Un niveau insolent de minutie et d’harmonie
“On a besoin d’accueillir certaines propositions pour se les approprier et ne pas être dans un dialogue immédiat avec ce que l’on vit.” Pour cela, les deux compères ont eu besoin de souffler, loin de Paris et du rythme des tournées qui ont failli avoir raison de leur santé mentale. Ensuite, il a fallu trouver d’autres façons de procéder, tantôt à distance (une première !), tantôt lors de résidences effectuées dans des endroits insolites.
“Le fait de ne pas avoir enchaîné directement sur le deuxième album nous a permis d’explorer d’autres sentiments. Au moment de se lancer dans la composition, on avait donc beaucoup d’énergie, d’idées et d’envie.” En résulte une création que l’on n’attendait pas à ce niveau insolent de minutie et d’harmonie. Crave ou Trouble – “l’un des morceaux les plus compliqués qu’on ait eu à réaliser” – voire No Pressure résument bien l’importance et la richesse (ici des notes d’ambient, là des guitares qui crissent) de ces contes fantaisistes, où l’on croise autant des dragons et un homme sur un cheval que des réflexions sur les troubles obsessionnels.
Plutôt qu’un exercice de style – ce que pourrait laisser supposer ce disque accompagné d’un jeu vidéo –, Player Non Player s’impose ainsi comme une œuvre suffisamment incarnée et vibrante pour ne jamais virer à la parodie synthétique.
Player Non Player (Cracki Records/A+LSO/Sony Music). Sorti depuis le 20 janvier. Concerts les 23 et 24 février à Pantin (Magasins Généraux).
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