Aeralm a baissé la lumière, tiré les rideaux et se fracasse la tête contre des murs capitonnés. Parce que ça ne fait pas de bruit. Le groupe fait le non-rock instrumental le plus lent et cotonneux du marché à égalité avec Movietone. L’obscurité de leur musique ne permet cependant pas de masquer les posters […]
Aeralm a baissé la lumière, tiré les rideaux et se fracasse la tête contre des murs capitonnés. Parce que ça ne fait pas de bruit. Le groupe fait le non-rock instrumental le plus lent et cotonneux du marché à égalité avec Movietone. L’obscurité de leur musique ne permet cependant pas de masquer les posters qui couvrent leurs murs. Red House Painters, Gastr Del Sol, Tortoise, Slint, For Carnation, Pell Mell six groupes pour sept morceaux d’Aeralm qui pillent avec bonheur les titres phares de ces groupes. Aeralm sait pourtant surprendre par quelques breaks microscopiques ou une petite incursion dans le jazz qui font oublier ces larcins, captant l’étincelle de l’ennui d’une manière inédite.
RH Band fait de l’ambient rock qui, au lieu de servir de papier peint, s’accapare l’espace et le maltraite. Sa musique habite les immeubles, filtre à travers les circuits électriques et les clapets de ventilation. Avec ses synthés antiques, Third order parasitism se penche sur le fouillis qui fourmille sous les jupes pop de Jessamine, décortique au microscope électronique les no-man’s land qui ponctuent les disques de Labradford et propose une vision plus industrielle du space-rock.
Crescent nous projette au milieu d’un parking souterrain : on peut regarder loin devant soi, mais l’air ne circule pas et on croit que le plafond va nous tomber sur la tête. On a du mal à croire qu’il s’agisse du même Crescent qui explorait avec autant de bonheur ces quelques milliers de kilomètres qui s’étendent entre la pop et l’improvisation jazz. Autour d’un seul thème original relu sept fois, on entend ici une basse souterraine et un Casio, des scratches parcimonieux, beaucoup de trompette jazz et de boucles. Mais le gros du travail est fait sur les échos, sur ces textes balancés d’une voix inhumaine à l’aide de haut-parleurs. Construit sur l’idée que seule la souffrance qu’induit la solitude est le moyen pour atteindre le divin, Electronic sound constructions malgré quelques petits miracles et une démonstration assez convaincante fait partie de ces disques que l’on peut aimer profondément sans pour autant souhaiter le conseiller.