Un album complexe pour le rappeur disparu en novembre dernier, artiste intranquille qui, peut-être, repose enfin en paix.
Adios Bahamas, c’est l’album complexe d’un homme qui ne l’était pas moins. Un artiste mystérieux, sourd aux raisons marketing, un rappeur bourré de références (aux mangas, aux jeux vidéo, au transhumanisme, à Hermann Hesse), qui préférait “sonder les abysses” plutôt que “nager en surface”.
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La disparition de Népal, le 9 novembre 2019, rend forcément l’écoute de ce premier long format spéciale. Mais elle ne doit pas faire oublier l’audace, l’aisance et la lucidité avec lesquelles le rappeur agence ses rimes, précises, sans démesure ni demi-mesure, avec pour seuls effets spéciaux des figures de style imparables : “Je me suis coupé tout seul avec une phrase à double tranchant.”
A cette obsession du verbe s’ajoute une production d’orfèvre, assurée par Népal et d’autres adeptes du beat sobre (Diabi, Hugz Hefner), ainsi qu’une réflexion sur l’humain (“C’est pas important d’être riche si nos corps sont déjà en location”), faite de rimes noircies par la morosité quotidienne. Avec, toujours, cette volonté de ne pas céder à l’impudique : “Pleurer, ça fait du bien mais ça sert à R”, rappe-t-il avec ce ton si caractéristique, parce que discret, presque murmuré.
Adios Bahamas, Triple 4 Gear/Idol
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