L’artiste le plus crypté de la dance-music s’autorise un moment de détente.
C’était à la Machine du Moulin Rouge, il y a quelques années. Actress rabotait le dance-floor avec un set rêche, bourré de ruptures, délibérément opaque, qu’il n’achèvera pas, quittant prématurément le DJ-booth devant un public médusé. Quand on lui demanda plus tard pourquoi il avait l’air si irrité, il rétorqua : “Je ne le suis jamais.”
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Personnalité complexe et impassible, Darren J. Cunningham est le poil à gratter de la dance-music depuis près d’une décennie, durant laquelle il a déformé les lignes du genre et posé quatre lp-références que les amateurs n’ont toujours pas fini de défricher. Entre-temps, les choses ont changé pour Actress comme pour la techno. Devenue un divertissement de masse, cette dernière a vu une partie de son public rejoindre le cercle restreint des esthètes, et la techno dite “outsider” s’est rattachée à celle d’”insider”. Actress s’est ainsi trouvé une place dans les gros festivals, à la fois caution avant-garde et cousin chelou à l’aura fascinante d’une scène qui ne le comprend pas toujours.
Accueillir plutôt que déstabiliser
Moins disloqué, plus généreux (à ses heures), AZD est peut-être l’album de cette transition, aspirant moins à déstabiliser qu’à accueillir – dans des zones certes bien marécageuses. On y retrouve toujours les ondes malsaines et la morgue urbaine du bonhomme, ses tons délavés et sa poussière, mais servis dans un cadre moins inconfortable que de coutume. Les motifs décentrés sont portés par des beats linéaires (Fantasynth), son imagerie se fait volontiers littérale (Dancing in the Smoke, There’s an Angel in the Shower) et on est à deux doigts du banger sur certains tracks uptempo (Runner et le single X22RME).
Ce cinquième album n’en demeure pourtant pas moins impalpable et, si l’on cherche des sensations plus troubles, il est toujours possible de s’enfoncer dans les brumes de Faure in Chrome et Untitled 7. On peut aussi souscrire au fumeux concept de “vitamine musicale à consommer à Metropolis” qui accompagne ce nouveau projet, un gimmick marketing difficile à prendre au sérieux, et qui nous ramène au subtil sarcasme de l’insaisissable producteur anglais.
concert le 27 mai à Lyon (Nuits sonores)
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