Voulu par Nicolas Sarkozy, le projet de création d’un CNM, équivalent pour la musique du CNC, a été abandonné par le gouvernement. Avec quelles conséquences pour la filière?
Dans un entretien au Monde paru le 11 septembre, la ministre de la culture Aurélie Filippetti annonçait l’abandon du chantier du CNM, le Centre National de la Musique dont la réalisation avait été lancée par Nicolas Sarkozy. « Nous n’avons pas réellement besoin d’un nouvel établissement public, qui nécessiterait, en plus des ressources existantes, 50 millions d’euros. Ce n’est pas possible actuellement. Mais nous soutiendrons les producteurs indépendants. »
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L’annonce de l’abandon du projet, dont le maintien figurait pourtant parmi les 60 engagements de campagne de François Hollande, a fait l’effet d’un tsunami dans l’industrie du disque. Le projet du CNM, équivalent du CNC pour la filière musicale, avait en effet réussi à réunir, autour de la même table, labels indépendants et majors.
Beaucoup percevaient le projet comme celui de la dernière chance pour une industrie- celle de la musique- qui traverse la plus grosse crise de son histoire. Le SNEP, syndicat des producteurs de musique a réagi dans la foulée. Dans un communiqué, David El Sayegh, son directeur tire la sonnette d’alarme: « Les producteurs de musique enregistrée ont perdu plus de 60% de leur chiffre d’affaires ces dix dernières années, et sont atterrés de la volte face de la Ministre, qui feint d’ignorer la crise profonde qui frappe ce secteur. »
Au gouvernement, on répond qu’il ne s’agit pas d’abandonner la réorganisation de la filière, mais que la création d’un établissement public reviendrait trop cher. Information démentie, dans un communiqué cinglant envoyé à la ministre, par les réseaux des labels indépendants. L’argent, pour eux, existe déjà : il est issu des taxes appliqués aux fournisseurs d’accès à Internet mais ne bénéficie jusqu’à présent qu’à l’industrie du cinéma.
« Vous déclarez que « nous » n’avons pas les moyens de financer cet établissement. Ce n’est pourtant pas de cela dont il s’agit, et vous le savez : les fonds de votre Ministère ne seront pas mobilisés dans ce projet. Il faut seulement le courage et la volonté publique de rediriger légitimement vers la musique une partie (25 ou 30%) des quelques 300 millions d’euro issus de la TST. Cette taxe déjà existante payée par les fournisseurs d’accès ne bénéficie actuellement qu’à une industrie, le cinéma, déjà bénéficiaire de larges soutiens publics et qui ne traverse pas, bien au contraire, la crise qui étrange les producteurs de musique et de spectacles. »
Nous reviendrons plus longuement sur ce dossier, qui pose la question de la place accordée à la musique dans la culture, dans le prochain numéro des Inrocks.
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