Emblème du folk libre, l’Américaine plante un décor vaporeux, envoûtant.
Josephine Foster, Joanna Newsom, Marissa Nadler… L’Amérique abrite une belle tribu d’amazones du songwriting, usant de leurs armes vocales et instrumentales pour agrandir les zones de conquête de la chanson populaire. De ce contingent d’insoumises, Tara Jane O’Neil, avec son chant frêle et ses compositions spectrales, est en apparence l’élément le plus discret. Son cinquième album, A Ways away, montre pourtant qu’elle a le profil d’une courageuse éclaireuse. Baignées dans les brumes électriques qui s’échappent de sa guitare, ses chansons tracent les lignes diffuses d’un paysage sauvage et retiré, éloigné des terres trop civilisées du néo-folk. S’inscrivant dans une tradition du chant qui s’apparente à l’hypnose, elle se déplace dans ce décor avec la légèreté d’un être qui aurait réussi à gommer ses contours physiques et à repousser ses limites mentales. Nulle pose d’évaporée, pourtant, chez cette femme aux gestes sûrs, dont les motifs mélodiques ne sacrifient jamais au confort de l’imprécision. Son album précédent s’intitulait In Circles, et c’est là un bon résumé des savantes circonvolutions empruntées par sa musique, lente toupie agrégeant autour d’elle une envoûtante farandole de sons fantômes et d’échos diffractés, comme arrachés à la matrice même des rêves.
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